et l’on a retrouvé parmi ses papiers, après sa mort, le texte latin du contrat passé avec lui-même le 22 février 1631 : « De vitæ ratione institui ut quoscunque mihi Deus indulgeret annos sciens prudensque viverem… » Il s’était d’ailleurs profondément instruit des institutions et des mœurs chez les peuples étrangers. Il parlait l’italien, l’espagnol, l’anglais, le suédois. Nous avons dit ses soins littéraires à la cour de Christine.
Auprès de cette reine fantasque, il fut toujours le très bien venu, même après l’abdication de 1654. C’est ce qui lui donna occasion de recevoir d’elle deux lettres bien curieuses, encore inédites. Je les ai déchiffrées, non sans peine, aux archives du ministère des affaires étrangères, écrites et rédigées qu’elles sont avec un égal emportement.
Le 23 novembre 1657, Mazarin écrivait à Terlon, notre ambassadeur en Suède, ce qui suit : « Je suis obligé de vous dire avec grand déplaisir que, par quelque mauvais conseil, la reine de Suède a fait tuer le marquis Monaldeschi, personne de condition, qui étoit son grand écuyer, et que les circonstances de cette action la font regarder avec horreur dans un pays où l’on n’est pas trop accoutumé de voir de semblables tragédies… » Immédiatement après le meurtre, Mazarin avait dépêche à Christine Chanut, qui, de retour en France, était resté en relation avec la reine. On faisait dire à celle-ci, de la part de Louis XIV, qu’elle agirait sagement si elle s’abstenait de paraître dans Paris, où elle serait mal accueillie du peuple. Voici ce qu’elle répondit au cardinal :
« Monsieur Chanut, qui est un des meilleurs amis que je pense avoir, vous dira que tout ce qui me vient de votre part est reçu de moi avec estime ; et, s’il a mal réussi dans les terreurs paniques qu’il a voulu susciter dans mon âme, ce n’est pas faute de les avoir représentées aussi effroyables que son éloquence est capable de les figurer. Mais, à dire vrai, nous autres gens du Nord sommes un peu farouches et naturellement peu craintifs. Vous excuserez donc si la commission n’a pas eu tout le succès que vous auriez désiré ; et je vous prie de croire que je suis capable de tout faire pour vous plaire, hormis de craindre. Vous savez que tout homme qui a passé trente ans ne craint guère les sornettes. Et moi, je trouve beaucoup moins de difficulté à étrangler les gens qu’à les craindre. Pour l’action que j’ai faite avec Monaldeschy, je vous dis que, si je ne l’avois faite, que (sic) je ne me coucherois pas ce soir sans la faire ; et je n’ai