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1853, et dans l’Australie de l’Ouest jusqu’en 1868. De 1778 à 1840, on avait relégué 80,000 convicts en Australie.

En 1840, la population de l’Australie était à peine de 156,000 habitans ; encore était-elle en grande partie composée de convicts ou de descendans de convicts. Aujourd’hui, le chiffre total des habitans atteint, pour l’Australie seule, 2,425,000 individus, sur lesquels il ne reste que 55,000 indigènes ou Papous, de race négroïde, analogue à celle qui peuple toute la Mélanésie. Pour toute l’Australasie, on recense 3,222,000 individus, dont 44,000 Maoris, appartenant à la famille polynésienne ou kanaque, dans la Nouvelle-Zélande, et 128,000 naturels, en partie Papous ou Malais, mais la plupart Polynésiens, aux îles Fidji.

La prospérité de l’Australie provient principalement de l’élève du mouton, de la laine, et non du travail des convicts. En 1797, quelques moutons mérinos furent introduits du Cap dans la Nouvelle-Galles du Sud. En 1803, le capitaine Mac-Arthur, officier retraité, fit un voyage en Angleterre et soumit aux courtiers de Londres des échantillons de toisons australiennes. On lui offrit un certain nombre de moutons mérinos, provenant d’un troupeau de George III, et on lui concéda 4,000 hectares de terres en Australie. Sur ce champ d’expériences, Mac-Arthur prouva que le sol et le climat de la Nouvelle-Galles du Sud transformaient les mauvaises toisons en bonnes et améliorait les meilleures. De rudes et grossières, ces toisons deviennent bientôt fines, souples et soyeuses. Les mérinos d’Australie ne tardèrent pas à faire concurrence aux mérinos jusque-là si renommés d’Espagne et de Saxe. Aujourd’hui, ils les ont tout à fait détrônés, et l’Australie est le pays du globe qui a non-seulement le plus de moutons, — 77 millions, — en y comprenant toutes les colonies, mais qui vend le plus de laines, et les plus belles, soit 1,110,000 balles de 350 livres, pour la toute de 1883-84. Victoria, la Nouvelle-Galles du Sud et la Nouvelle-Zélande produisent la plus grande partie de ces laines, plus des trois quarts.

Aux moutons il faut joindre les bœufs, les chevaux, les porcs. On compte en Australie 8,500,000 bœufs, 1,220,000 chevaux, 810,000 porcs. On utilise de ce bétail les peaux, les cuirs, le suif, la graisse, tous les débris, les os, les cornes, les crins, les onglons et la viande, soit salée, fumée et conservée, soit fraîche, congelée au moyen de procédés frigorifiques qui lui permettent de résister aux plus longs transports par mer. La valeur de tout ce commerce atteint 900 millions de francs dans toutes les colonies australiennes.

Les immenses pâturages ou runs d’Australie sont le domaine exclusif des squatters, des bergers, des éleveurs. Le free selector, le settler, c’est-à-dire le laboureur, l’agriculteur, le fermier,