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que, par l’hérédité, elles sont devenues l’apanage commun d’une certaine collection d’individus qui les ont transmises à leurs descendans. Il a suffi, chez un végétal déterminé, de l’ébranlement de certaines parties demeurées plastiques pour produire de nouvelles races et, par la suite, de nouvelles espèces ou enfin de nouveaux types, dans une mesure proportionnée à l’amplitude du mouvement propagé. Tout dépend, il est vrai, de l’ébranlement de l’organisme ; mais comme cet ébranlement obéit toujours à une impulsion venue du dehors et que, d’ailleurs, les variations manifestées ne sauraient devenir permanentes qu’en vue d’un but, c’est-à-dire d’une adaptation déterminée, nous sommes forcément amené à considérer les causes extrinsèques qui, de tout temps, furent la raison d’être des changemens survenus et, par cela même, de l’apparition des types et des espèces.

Ces causes dépendent de tout ce qui, dans la nature physique, peut influer sur les végétaux ; en effet, si la nature change, si elle cesse, brusquement ou graduellement, de rester soumise aux mêmes lois, de présenter les mêmes accidens, les végétaux changeront aussi, du moins ceux d’entre eux qui se trouveront susceptibles de se prêter à des modifications ; tandis que ceux qui étaient adaptés étroitement à l’ordre de choses antérieur disparaîtront plus ou moins vite pour faire place aux premiers, auparavant subordonnés, mais que les conditions nouvelles tendent à favoriser. Il en fut certainement ainsi après le temps des houilles. Les plantes de cette période paraissent constituées en vue d’un climat des plus uniformes dans toutes les zones, d’une humidité chaude et constante, en vue par conséquent d’une « tension » des tissus et des parties vertes, incapables de vivre sans se flétrir ailleurs que dans une atmosphère saturée de vapeurs tièdes. Il est clair que l’élimination de ces plantes dans le cours de l’âge suivant (permien et trias) et la substitution qui se fit de plantes d’un caractère très différent, telles que les cycadées et les conifères, impliquent, par le fait même de cette substitution, la prédominance de conditions extérieures éloignées, sinon inverses, de celles qui avaient jusque-là prévalu. Essayons de les définir : en prenant l’opposite de celles qui avaient caractérisé le temps des houilles, il n’est pas impossible d’y parvenir.

Le contraire de l’uniformité absolue, en ce qui concerne le climat, c’est sa tendance vers une différenciation croissante, selon une échelle graduée dans le sens des latitudes. Ce sont les approches du pôle se refroidissant peu à peu et contrastant de plus en plus avec les contrées limitrophes de l’équateur. C’est l’influence de plus en plus prononcée des expositions boréale et méridio-