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tielle et vivante, nue alors et presque diffluente, elle s’entoure d’autres fois d’une membrane d’enveloppe plus ou moins résistante, continue ou poreuse ; elle sécrète même une carapace solide ; enfin, elle peut acquérir des pseudopodes ou prolongemens mobiles, des cils, des appendices, et se mouvoir en manifestant une obscure sensibilité à l’action de la lumière. C’est uniquement dans l’eau que la cellule végétale se montre ainsi libre et mobile ; elle y représente ou les individus des catégories inférieures ou encore les élémens reproducteurs des groupes plus élevés, qui retournent ainsi momentanément aux conditions de leur vie antérieure. Effectivement, l’eau est le milieu primitif et le berceau commun de tous les êtres, celui au sein duquel les plus élémentaires peuvent se mouvoir et s’alimenter sans peine, baignés et pénétrés qu’ils sont par le fluide nourricier. Si la plante a été le siège d’une élaboration organique et de perfectionnemens successifs, dont la complexité étonne celui qui cherche la raison d’être des choses, c’est bien en devenant aérienne et lorsque, pour demeurer telle, elle a dû s’attacher au sol émergé et y puiser l’eau nécessaire à son existence. Les plantes purement aquatiques, c’est-à-dire qui ne le sont pas par régression, sont les moins différenciées de toutes ; elles n’ont ni vaisseaux, ni tige distincte des appendices, ni fleurs proprement dites ou organes reproducteurs formés de parties accessoires symétriquement groupées ; elles se perpétuent au moyen de cellules soit fixes, soit mises en liberté et vivantes : ce sont les « zoospores » et les « anthérozoïdes. » Bien moins éloignées du point de départ unicellulaire, la plante marine ou celle des eaux douces y reviennent plus aisément et reproduisent fidèlement les traits de l’état originaire. — On applique le nom général d’algues ou encore de « protophytes » à l’ensemble des plantes qui, nées dans l’eau, y sont demeurées confinées, après avoir débuté par l’état unicellulaire. Mais tandis que les unes quittaient promptement ce premier état et réalisaient, par l’agrégation cellulaire, une combinaison organique plus élevée, destinée à des développemens, pour ainsi dire illimités, d’autres se différenciaient plus ou moins sans sortir de leur premier état, et tout en obtenant un assez haut degré de puissance et d’ampleur. La cellule unique dont ces derniers types étaient formés acquérait la faculté singulière de multiplier ses replis, de les prolonger, de les entremêler, en les ramifiant de mille façons, sans jamais se subdiviser véritablement, ni se cloisonner en travers. Il existe effectivement des algues tracées sur ce modèle, strictement unicellulaires, puisque les prolongemens tubuleux de la cavité qui les compose s’entrelacent de manière à constituer un tissu, dont les contours affectent une configuration des plus régulières et des plus variées selon les