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LA REFORME
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

De nos trois degrés d’enseignement, le plus heureux, sans contredit, c’est le premier. Il n’a pas été soumis, comme le secondaire, à de désastreuses expériences, ni livré, comme le dernier, à des fanatiques et à des sots. Les pouvoirs publics ne se sont guère occupés de lui que pour lui octroyer quelques millions sur le milliard des écoles ; à part cela, n’étant pas chose électorale, la politique et les politiciens l’ont laissé bien tranquille. Il n’a même pas eu trop à souffrir des vicissitudes qui ont paralysé d’autres grands services publics. Grâce à l’incompétence de la plupart des ministres qui ont occupé depuis quinze ans la place des Guizot et des Villemain, les réformes entreprises dans les dernières années de l’empire ont pu se continuer avec plus de suite et de méthode que n’en comporte et n’en met en général, dans ses entreprises, le régime actuel.

Pour mener ces réformes au point qu’elles sont, sans rien précipiter ni compromettre, il ne fallait pas trop de mains, et qu’elles fussent à la fois très délicates et très prudentes. Or, précisément de 1870 à 1884, dans cette période si tourmentée qui a vu naître et passeront et de si singulières fortunes, où s’est fait une si terrible consommation de ministres et de sous-secrétaires d’état, la direction de l’enseignement supérieur n’a subi qu’un seul changement de personne. Encore ce changement n’a-t-il en rien affecté son orientation première. En succédant à M. Du Mesnil, M. Albert Dumont a tenu à honneur de continuer ce qu’avait commencé son prédécesseur, comme celui-ci s’était efforcé de poursuivre l’œuvre dont il