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plus haut se répartissent, s’agrègent et se classent au sein du parlement. Au commencement, on voit que les bourgeois siègent isolément ; au contraire, les chevaliers des comtés se, réunissent aux barons, cela est naturel, puisqu’ils représentent comme eux l’intérêt féodal et rural. Le clergé vote alors séparément son subside. Cette répartition en trois est celle qu’on observe en 1295. Elle se reproduit en 1296, en 1305, en 1308. Elle est identique à celle des états de France à la même époque. Mais un autre arrangement ne tarde pas à prévaloir. Les affinités les plus puissantes sont, en effet, d’une part, entre les barons et les prélats, accoutumés depuis deux siècles à délibérer en commun ; d’autre part, entre les chevaliers et les bourgeois, les uns et les autres électifs et concurremment élus pu proclamés dans la cour du comté, où ils se sont plusieurs fois rencontrés sous la présidence des juges ambulans. Une distribution conforme à ces tendances prévaut de plus en plus. À partir de 1341, les chefs du clergé (sauf en quelques circonstances rares), restent unis aux seigneurs laïques et forment avec eux la chambre des lords. À partir de la même date, la fusion correspondante est accomplie entre les deux autres classes. Chevaliers et bourgeois forment ensemble la chambre des communes et ne se séparent plus que dans un petit nombre de cas exceptionnels, dont il n’y a plus d’exemple après le XIVe siècle. Quant au dernier élément, le bas clergé, le clergé paroissial, il fait également partie de la chambre des communes, mais il ne tarde pas à devenir moins assidu et à s’écarter. Sa pauvreté, les devoirs de son ministère le retiennent au loin. Il se sent d’ailleurs plus à l’aise dans les propres assemblées du clergé, les convocations de Canterbury et d’York, auxquelles il est cité par les deux primats et où il forme comme une sorte de chambre basse. La coutume s’établit que la part de l’église dans les subsides soit votée là et non plus au parlement. Dès le milieu du XIVe siècle, le bas clergé a donc déserté la chambre des communes, où demeurent seuls et maîtres les élémens séculiers de la représentation rurale et urbaine. Les chefs du clergé, encore très puissans à la chambre des lords, où les abbés et les prieurs doublent et triplent le nombre des évêques, voient avec indifférence ces humbles curés de paroisse disparaître de cette chambre des communes, dont ils ne soupçonnent pas encore les destinées et la future prépondérance. C’est ainsi que le parlement anglais, constitué dans ses élémens en 1295, nous apparaît cinquante ans après organisé et distribué selon trois principes qui le distinguent profondément de nos états-généraux de France : 1o la division en deux chambres, qui croise et brouille la division des classes, accentuée au contraire en France par la distinction des trois ordres. Aucun