C’est après avoir étudié avec assez de soin la question à ces divers points de vue, qu’il me paraîtrait convenable de placer la prise d’eau sur la rive gauche, en tête du défilé de Donzère, où elle se confondrait à peu près avec celle du canal actuel de Pierrelatte, dont elle épouserait le tracé, avec une section très agrandie, jusqu’à son débouché, sur la grande plaine que dessert aujourd’hui ce canal sur une longueur de 30 kilomètres environ (entre Donzère et Mornas). C’est probablement vers l’origine de cette plaine que tôt ou tard devrait se souder le tronc principal du canal maritime venant de Lyon. C’est donc seulement à partir de ce point, — prenons que ce soit Pierrelatte même, — qu’il serait nécessaire de donner au canal toute son ampleur de section. La partie en amont, la prise proprement dite, ne devant, tant pour l’avenir que dans le présent, recevoir d’autre navigation que celle que pourrait lui fournir la flottille du Rhône, devrait avoir une section très réduite, avec une pente et une vitesse plus considérables, comportant l’établissement de ponts fixes pour les traversées de la route et du chemin de fer. C’est donc seulement près de Pierrelatte, à une altitude de 63 mètres environ, que commencerait le premier bief navigable qui se continuerait sensiblement à ce niveau jusqu’à l’extrémité de la plaine, près le village de Mondragon. En ce point se trouverait une première chute de 3 mètres précédant le second bief, qui, après avoir franchi le Rhône sur un aqueduc de 25 mètres de hauteur à peu près, couperait le col de Vénéjan, traverserait la Céze, près Bagnols, pénétrerait par une tranchée dans la grande dépression des marais de Pujaut et de Rochefort, qu’il suivrait à peu près à fleur de sol, à une cote moyenne de 60 mètres. Une tranchée d’une assez grande hauteur (80 mètres environ), mais très courte, ferait déboucher le canal dans la vallée du Gardon, près Domazan, où se trouverait une seconde chute de 5 mètres, à la suite de laquelle commencerait le troisième bief, qui, traversant le Gardon à une assez grande hauteur et coupant le faite de Sernhac sans trop forte tranchée, viendrait se terminer à Nîmes. La traversée de cette ville présenterait des difficultés très sérieuses si on voulait l’effectuer de niveau à une altitude qui ne saurait être inférieure à 50 mètres. Le viaduc du chemin de fer n’est en effet qu’à la cote 40. Pour se tenir 10 mètres plus haut, il faudrait contourner la ville vers le nord, ce qui ne pourrait se faire, à ciel ouvert surtout, sans d’énormes dépenses de sujétion. La solution la plus convenable me paraîtrait être d’établir le port et le quartier maritime au sud du chemin de fer, vers la cote 30 mètres. On y descendrait en venant de Rémoulins par cinq écluses de 5 mètres et l’on remonterait au-delà par quatre écluses, de manière à reprendre le niveau du quatrième bief, qui se continuerait jusqu’à
Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/929
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.