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concernant 390 maniaques. Sur ce total, il y a 178 hommes, dont 30 seulement sont oisifs ; le reste travaille de la façon suivante : 25 s’occupent du ménage ; 110 de travaux agricoles ; le reste exerce les professions de maçon, pêcheur, briquetier, dessinateur, commissionnaire, cordonnier, menuisier, tailleur. Si nous prenons la statistique des idiots, nous en trouvons 182 occupés, 84 inoccupés ; sur 62 mélancoliques, ils sont occupés, les 18 autres sont désœuvrés. Le nombre des professions que l’on rencontre parmi les aliénés hommes est considérable. Ceux qui veulent travailler de leur état le peuvent ; cela ne suppose pas une mise de fonds considérable ; un tailleur n’a pas besoin d’un outillage bien coûteux. Quant aux maçons, briquetiers, cordonniers, ils travaillent pour qui les embauche. Du côté des femmes, si le nombre des professions est moindre, le nombre des malades qui s’occupent d’une façon ou d’une autre est plus considérable que parmi les hommes ; presque toutes aident à faire le ménage ou à garder les enfans, beaucoup travaillent aux champs ; la minorité exerce un métier, par exemple celui de dentellière.

L’aptitude des diverses catégories de malades à fournir un travail utile est fort variable. Les idiots, au dire du docteur Peeters, font de bonne besogne, à moins que leur maladie n’ait atteint la phase ultime. En tout cas, d’une façon générale, le travail agricole exerce une influence salutaire sur l’état morbide des aliénés ; il les distrait, il les fortifie. Pour prévenir les abus, il est stipulé que le nourricier n’a pas le droit de décider de son propre chef s’il fera travailler son aliéné ou non. Celui-ci travaille par permission ou sur prescription du médecin. Malheureusement, à Gheel, le médecin ne peut pas toujours suffisamment observer un malade placé chez un nourricier ; du moins, s’il le peut, ce n’est qu’au prix d’un déplacement constant. Il est évident que l’observation se ferait mieux dans l’infirmerie, et que le médecin serait mieux renseigné sur son état et sur la direction hygiénique qu’il convient de lui donner. Les aliénés seraient plutôt portés à trop travailler à Gheel. Les occupations de leur nouvelle famille les intéressent ; aussi la suivent-ils aux champs, à moins que le médecin n’ait défendu le travail. C’est ainsi qu’il arrive à beaucoup d’aliénés de travailler la pleine journée, comme un homme bien portant. Ceci est regrettable, car, s’il est des cas où l’aliéné peut travailler autant que l’homme sain, il en est beaucoup plus où ce travail doit être modéré, dans l’intérêt même du malade.

Quant à la rémunération donnée par les nourriciers pour récompenser le travail fourni, elle dépend naturellement de la quantité de besogne faite. Beaucoup de malades reçoivent le dimanche une petite