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de l’opinion, notés au jour le jour par un officier distingué du corps d’état-major, ne laissent pas d’être intéressans à connaître : » On dit que le général Boyer restera commandant en chef. Je servirais volontiers auprès de ce vieillard actif, entreprenant, aimable dans son intérieur, rude dans le service, qui montre des vues justes et peut-être étendues, avec une ardeur infatigable. » Un peu plus tard : « On avait voulu laisser le commandement au général Damrémont ; c’était un excellent choix ; sans être un homme supérieur, il est plein de bon sens, de droiture et surtout de désir du bien. On s’est arrêté au général Boyer. » Enfin, quand le choix, du gouvernement est connu : « Nous avons appris que le général Berthezène était nommé pour commander ici. Il est plus militaire que le général Boyer, moins désagréable peut-être pour les troupes, parce qu’il est moins tracassier, mais fort grossier et fort bourru pour ses entours, défauts que n’a point l’autre, qui a du reste beaucoup plus d’esprit, mais peut-être est plus capable de faire du mal au pays, parce qu’il est despote et capricieux. Au total, le général Berthezène n’est nullement fait pour l’emploi qu’on lui donne. Je vais me trouver sous un nouveau chef, le colonel Leroy-Duverger, honnête et capable, droit, travailleur, sachant le métier, bon pour être chef d’état-major sous un homme qui serait par lui-même capable de gouverner. Ce n’est pas le fait de M. le général Berthezène ; tout dépendra du plus ou moins de droiture et de capacité de ceux qui prendront influence sur lui ; or je crois que le moyen d’y parvenir est une flatterie et une complaisance à toute épreuve. » Voilà un crayon quelque peu sévère ; voyons s’il va être démenti ou justifié par les faits.

La division d’occupation était composée ainsi : le 15e, le 28e de ligne et le 1er bataillon, de zouaves, embrigadés sous les ordres du maréchal de camp Daulion ; le 20e et le 30e sous le maréchal de camp de Feuchères ; deux escadrons de chasseurs français, un escadron de chaleurs algériens, sept batteries d’artillerie, une compagnie du train, une compagnie de sapeurs du génie, un détachement d’une centaine de gendarmes. Les régimens de ligne, avec leurs troisièmes bataillons qu’ils avaient déjà reçus ou qu’ils attendaient, allaient compter deux mille cinq cents hommes à l’effectif ; il est vrai que les non-valeurs, à commencer par les malades, qui : étaient nombreux, réduisaient de beaucoup le nombre des présens sous les armes. À la suite de la division, il convient d’ajouter le 21e, qui occupait Oran, et les volontaires parisiens, dont quelque nouveau détachement arrivait pour ainsi dire chaque jour.

Comme tous les corps de l’ancienne armée d’Afrique n’étaient pas encore embarqués, le général Berthezène voulut profiter de leur présence pour faire une tournée dans la Métidja. Le 1er mars, à la