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imposer. On n’a jamais pu se mettre d’accord sur le caractère et la portée de la disposition nouvelle. S’agissait-il d’appliquer un principe nouveau et de revenir sur la loi générale qui venait d’être votée ? S’agissait-il simplement de constituer un fonds commun à distribuer entre les communes qui auraient besoin d’être aidées en excluant de la distribution les communes riches comme Paris, Lyon, Marseille et autres ? M. Sarrien lui-même n’a jamais pu éclairer la chambre ni l’administration à cet égard. Il a bien fallu maintenir l’amendement Sarrien à titre définitif dans les budgets subséquens, parce que le groupe des maires, qui est le plus important des groupes parlementaires, n’aurait pas souffert qu’on n’en continuât pas l’application ; mais on en a fait un simple fonds de secours analogue à celui que l’on distribue en cas de grêle ou de destruction de récolte aux contribuables nécessiteux.

Quoiqu’il ait commis cette grosse erreur financière, ou peut-être parce qu’il l’a commise et qu’il s’est aperçu de l’école qu’il avait faite, M. Sarrien est aujourd’hui un des membres les plus avisés et les plus prudens de la commission du budget. On ne trouvera rien dans son rapport qui soit excessif, et s’il a été obligé de sacrifier aux nouveautés malheureuses de la commission dont il est membre, il ne l’a fait qu’avec une grande modération. Nous pouvons donc être sûrs que les défauts du rapport de M. Sarrien, s’il en a, grossissent au centuple dans tous les autres.

Le budget des dépenses du ministère des finances absorbe à peu près la moitié des dépenses totales du budget général. Il a été arrêté par la chambre des députés à la somme de 1 milliard 550 millions de francs. Cette masse énorme de crédits se divise en deux parties : la première comprend la dotation de la dette perpétuelle, à terme ou viagère, et celles du président de la république, du sénat et de la chambre des députés ; elle comporte l’emploi d’un milliard 325millions de francs. La seconde partie, réduite à 215 millions, s’applique à l’administration centrale du ministère, et aux frais de perception et d’exploitation des impôts.

C’est sur cet ensemble de crédits que la commission a réalisé une prétendue économie de 3,700,000 francs. C’est là une économie qu’on a considérée comme modeste et on a exigé davantage des autres rapporteurs. On trouve pourtant dans cette réduction d’un peu moins de 4 millions de francs l’application des trois principes les plus vicieux de la méthode nouvelle. Certains crédits sont diminués, mais c’est pour revenir dans quelques mois sous la forme de crédits supplémentaires : c’est le premier principe ; quelques autres crédits sont atténués parce qu’on a modifié les évaluations sans apporter d’ailleurs aucun changement au montant des dépenses