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volumineuses publications ; le comité spécial des lords ou des communes, ou le comité mixte des uns et des autres font un rapport sur les dépositions, et on prend une résolution qui conduit au maintien ou au changement de la législation en ce qui concerne le service étudié. Le pouvoir ministériel n’est pas ébranlé par ces enquêtes ; il ne s’agit pas de modifier l’équilibre des pouvoirs, et la constitution anglaise n’est pas en question. Cela n’empêche pas les hommes clairvoyans de jeter sur l’avenir des finances de l’Angleterre des regards inquiets. La puissance du parlement préoccupe ceux qui redoutent la tyrannie des majorités. On se demande si cette intervention incessante du parlement dans tous les détails de la vie sociale ne conduira pas l’Angleterre à étendre les attributions de l’état au-delà des bornes naturelles. La démocratie radicale anglaise n’aime pas plus l’administration que la démocratie radicale française. Elle demande que l’état ait plus d’action, qu’il exerce cette action par des agens nouveaux, agens qui sont chargés de faire au profit de tous, et mieux, ce que les particuliers font à leur profit et moins bien ; et en même temps elle se méfie de tous les agens, de sorte qu’elle se contredit elle-même quand elle passe à l’exécution. Il n’en est pas moins vrai qu’il y a dans cette extension d’attributions une menace pour le budget, car c’est la quantité des attributions qui fait dépenser de l’argent.

Si l’unité du budget n’est pas connue en Angleterre, ce n’est pas une raison de décider contre le principe. Les choses vont bien en Angleterre, quoiqu’il n’y ait pas d’unité dans le budget, mais elles n’en vont pas mieux pour cela. L’étude isolée des questions qui affectent le budget est certainement une cause d’augmentation des attributions de l’état, et c’est cette augmentation d’attributions qui est la plaie de l’avenir en Angleterre.

Le second principe, celui qui consacre le caractère annuel du budget, n’est contesté par personne, et les deux partis dont nous nous occupons sont d’accord. Il est respecté par ceux qui entendent maintenir le gouvernement parlementaire et le pouvoir ministériel, et par ceux qui veulent donner aux chambres l’administration directe des revenus publics. Les uns et les autres considèrent que tu pays ne doit pas être engagé pour un trop long espace de temps. Il y a eu, en Allemagne, des budgets quinquennaux-, ils ont été réduits à deux ans ; les budgets biennaux qui subsistent encore tendent à disparaître devant les progrès du gouvernement parlementaire. Un retour en arrière pour les gouvernemens dont les budgets sont annuels est impossible, et M. de Bismarck, a échoué dans les tentatives qu’il a faites, de 1880 à 1882, pour y arriver.

Chose étrange ! nos constitutions n’ont jamais été précises sur le