On ne peut refuser à cette théorie le plus haut degré de vraisemblance ; mais combien de détails ne laisse-t-elle pas indéterminés ! que d’influences elle oublie, celle des continens, des mers, des montagnes ou des plaines ! Elle se borne à prévoir l’existence de deux familles de courans aériens généraux, l’un qui descend du nord et doit s’incliner vers l’ouest, l’autre revenant du sud et tournant à l’est. Quel chemin suivent-ils, on l’ignore ; comment se raccordent-ils dans les contrées moyennes ou boréales ? sont-ils juxtaposés ou superposés, et surtout pourquoi se succèdent-ils alternativement dans un même lieu pour y apporter la pluie ou y laisser pénétrer le soleil ? On voit qu’en donnant une explication générale, Halley a ouvert la porte à une infinité de questions qui ne pourront être résolues que par de nombreuses excursions dans les hauteurs, mais sur lesquelles néanmoins il nous donne de précieuses indications ; il nous apprend, par exemple, que le courant boréal s’infléchit peu à peu vers l’ouest et le vent austral vers l’est, c’est-à-dire à la droite d’un observateur qui marcherait dans leur direction. Or nous devons à M. Flammarion, comme résultat de ses nombreuses ascensions, cette précieuse remarque, que tous les vents auxquels il s’est abandonné l’ont conduit suivant des courbes toujours tournantes, et tournant vers sa droite ; nous savons, d’autre part, que le courant boréal est toujours sec, le courant austral toujours humide : c’est ce que nous allons expliquer en complétant comme il suit l’histoire de la grande circulation aérienne.
Quand il descend vers le sud en rasant la surface de l’océan, l’alizé s’échauffe chemin faisant et se charge de vapeur d’eau ; arrivé à l’anneau, sous le soleil vertical, il monte, se refroidit, et abandonne une partie de sa vapeur, qui se condense, forme ces nuages ordinairement orageux, ces pluies torrentielles si connues, tombant chaque soir à heure fixe, dans un ciel obscurci, que les marins nomment le pot au noir. On peut dire que l’air ascendant abandonne son trop plein d’humidité, que ces pluies limitent son refroidissement, et qu’à la fin de son ascension il a accumulé toute la provision possible de chaleur et de vapeur. C’est alors qu’il part pour les régions tempérées, qu’il va arroser et réchauffer. Le courant austral est le porteur d’eau de notre hémisphère. Toutes les fois qu’il règne, c’est la pluie ; au contraire, l’alizé nord commence quand le courant austral cesse, quand l’air desséché se dirige vers le sud, se charge de vapeur au lieu d’en céder et se réchauffe au lieu de se refroidir. Les deux courans ont donc des caractères différens, on les reconnaîtra à leur température et leur humidité ; cherchons donc comment on mesurera cette humidité à tout moment, à toute hauteur, dans un ballon. Cela exige encore une courte explication.