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VII.

Qu’est-ce que le vent ? Un déplacement de l’air ; qu’est-ce qui le cause ? Une rupture de l’équilibre atmosphérique déterminée à son tour par l’inégale température des contrées voisines. Le vent est le plus irrégulier, le plus variable des phénomènes. À une petite hauteur, tous les accidens de terrain altèrent sa force et sa direction : quand la vitesse était de 2 mètres par seconde à Greenwich, elle devenait de 15 ou 20 mètres à 7,000 mètres d’élévation. Les montagnes sont des obstacles qu’il faut contourner ou franchir, les vallées sont des couloirs que le courant enfile : la France a le mistral, qui descend le Rhône, et l’Égypte un vent du nord qui remonte le Nil. Sur les côtes qui sont en contraste avec la mer, plus chaudes en été, plus froides en hiver, il y a des vents de terre ou de mer. Pilatre de Rozier fut d’abord poussé vers l’Angleterre, puis ramené sur le rivage où il tomba. M. Tissandier, partant de Calais, d’abord chassé sur la Mer du Nord avec la perspective de n’en pas sortir, rencontra heureusement un vent contraire qui le reconduisit au lieu même d’où il était parti. On voit que, tout près du sol, on est le jouet d’accidens particuliers ; mais quand on s’élève à de grandes hauteurs, les influences locales s’effacent et l’on rencontre des vents réguliers obéissant à des causes générales. Ce sont ces vents qui doivent nous intéresser : il faut aller les chercher en ballon. C’est ce que fit M. Glaisher.

C’est l’action du soleil qui les fait naître ; sans elle, l’air prendrait et garderait un équilibre stable ; avec elle, il subit des réchauffemens périodiques et, comme il est très mobile, qu’il faut peu de chaleur pour l’échauffer, peu d’échauffement pour le dilater beaucoup, il suffit d’une journée pour imprimer à la masse entière du gaz qui nous enveloppe un déplacement considérable que chaque jour voit se renouveler, et qui est une des conditions de la vie matérielle du globe.

Rappelons la célèbre théorie que l’astronome Halley a proposée pour expliquer ces mouvemens. Sur un cercle parallèle à l’équateur, voisin de lui, et changeant de place avec les saisons, le soleil est vertical à midi. C’est là qu’il a le plus de force, c’est là que l’air est le plus échauffé. Étant chaud, il est plus léger et il monte comme s’il était dans une montgolfière. S’il monte, il détermine un appel d’air nouveau pour le remplacer aux lieux qu’il quitte et deux courans par aspiration se précipitent, rasant la terre, venant, l’un du