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environ, et quand elle n’est plus que de 0m,325, on peut conclure que le ballon a atteint l’altitude de 7,000 mètres. En résumé, on peut dire que le baromètre est l’échelle avec laquelle l’aéronaute mesure le chemin qu’il fait dans les hauteurs de l’air.

Le premier voyage consacré à des observations scientifiques fut entrepris, en juillet 1804, par le physicien anglais Robertson, qui partit de Hambourg avec un ami nommé Loëth, et vint débarquer à Hambourg après cinq heures de route. Ils avaient atteint la hauteur de 6,831 mètres. Dans une seconde ascension qu’il entreprit à l’instigation de l’académie de Saint-Pétersbourg, Robertson ne s’éleva pas aussi haut ; nous ne parlerons que du premier voyage, encore pour en dire peu de bien, car les observations qu’on en rapporta se trouvèrent presque toutes erronées. L’une d’elles excita à un haut degré l’attention de Laplace et des membres les plus savans de l’Institut. Robertson prétendait que les oscillations d’une aiguille aimantée se ralentissaient à mesure que le ballon s’élevait.

Cette observation, si elle eût été vraie, aurait entraîné de graves conséquences théoriques ; mais comme on doutait de son exactitude, il fut résolu qu’elle serait recommencée, et l’Institut confia cette délicate et dangereuse mission à deux physiciens, jeunes alors, mais qui avaient déjà donné leur mesure par de remarquables travaux, à Gay-Lussac et à Biot. Un premier voyage entrepris en commun fut interrompu par la volonté de Biot sans avoir atteint une grande hauteur. Un second fut accompli le 14 septembre 1804 par Gay-Lussac, qui, cette fois, était seul et s’éleva des jardins du Conservatoire des arts et métiers jusqu’à l’altitude de 7,016 mètres. Il fit avec un calme admirable ses observations et quand elles furent terminées, il descendit heureusement entre Rouen et Dieppe.

Il n’avait éprouvé que faiblement l’effet physiologique connu sous le nom de mal des montagnes ; il avait eu très soif, ce qui tenait à la sécheresse de l’air ; il avait vu que l’électricité est positive, que, contrairement à l’assertion de Robertson, l’aiguille aimantée ne se ralentit pas, que la température avait régulièrement baissé jusqu’à 9° au-dessous de zéro, que la hauteur barométrique était réduite à 0m,328, ayant baissé de plus de moitié, et enfin que la composition de l’air s’était maintenue invariable, aussi riche en oxygène, aussi propre à la respiration qu’à la surface du sol.

Plus on monte, plus on veut monter. Au mois de juillet 1850, Barral et Bixio, encouragés par Arago, partaient de l’Observatoire. Ils avaient calculé leur force ascensionnelle et croyaient qu’elle les mènerait à 12,000 mètres. Ils avaient compté sur la