accessible aux particuliers, et qui ne fut pas par trop insuffisant. Mais si on pouvait sortir librement par ce procédé, il n’était pas facile d’entrer ; car, il y avait une impossibilité complète de partir d’un point éloigné, de se confier à l’air avec la certitude de passée précisément au-dessus de Paris et d’y atterrir au milieu des rues. On dut se résigner à l’emploi des pigeons voyageurs porteurs des correspondances réduites, au départ, à une dimension microscopique par la photographie, et grandies, à l’arrivée, par le procédé inverse. C’est alors que M. Dupuy de Lôme, qui jamais ne s’était occupa de cette question des ballons, se mit à l’étudier, sans se préoccuper des travaux antérieurs, et la résolut avec clarté. Il reconnut que l’on ne possédait aucun moteur capable de lutter contre le vent, qui est habituellement très fort à cette époque de l’année ; que les circonstances pressaient, qu’on n’avait pas le temps de se livrer à des études complètes, mais qu’on pouvait toujours, sinon marcher contre les vents, au moins imprimer à un ballon une vitesse latérale suffisante pour arriver, par exemple, à Rouen ou à Nantes quand le vent menait à Cherbourg, et qu’il suffisait, pour cela, de donner par une hélice une vitesse propre perpendiculaire à celle du courant d’air, afin que le ballon pût prendre une direction intermédiaire.
Frappé de ces idées et pressé par le besoin du moment, le gouvernement offrit à M. Dupuy de Lôme les fonds nécessaires à la réalisation de sa théorie, et imposa, pour ainsi dire, cette grave responsabilité à son patriotisme : il accepta, se mit aussitôt à l’œuvre, régla les conditions de stabilité de l’appareil et résolut de faire mouvoir l’hélice par une équipe de huit vigoureux marins habitués au cabestan. Il fit un ballon allongé, pour diminuer la résistance de l’air ; mais il reconnut que, pour le maintenir horizontal et stable, il fallait qu’il fût toujours gonflé, afin d’éviter l’accident survenu à Giffard. Il imagina alors de placer dans l’intérieur un petit ballonnet plein d’air, sorte de vessie natatoire, que l’on gonflait ou vidait par un ventilateur.
Malheureusement, quelque diligence qu’on ait faite, la machine n’était point terminée avant la capitulation. On continua néanmoins la construction commencée, et elle fut essayée le 2 février. 1872. Cela n’avait plus qu’un intérêt scientifique, mais cet intérêt était considérable. Le ballon fut rempli d’hydrogène pur, préparé par l’action de l’acide sulfurique sur le fer, et M. Dupuy de Lôme, qui n’avait voulu laisser à personne la direction de l’appareil, partit par un assez mauvais temps. Après avoir marché d’abord en suivant le vent, il mit l’hélice en fonction, puis fit agir le gouvernail, dont l’effet se produisit aussitôt ; finalement, il fixa l’axe dans une