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Monarchie de Czôrnig. En Hongrie, les comitats de Wieselburg et d’Ordenburg étaient peuplés dès l’an 1000 de colons bavarois et alamanns, auxquels se joignirent de nombreux immigrans souabes à partir du ⅩⅥe siècle. Actuellement, la limite des langues entre Magyars et Allemands remonte le Petit-Danube au-dessus de Presburg jusqu’au-dessus de Wieselburg. Elle descend au sud de la Raab et suit cette rivière jusqu’à son entrée dans le comitat, pénétrant à l’ouest jusqu’au lac de Neusiedel, passant à Guns, et à Reichniz et à Schleining pour franchir la Raab au village de Saint-Gothard et entrer en Styrie. Presbourg, Alteuburg et Guns sont, des villes mêlées. En tout, le nombre des Allemands habitant la Hongrie s’élève à 1,200,000 ou 1,500,000, sans compter 420,000 juifs, que Bœckh assimile aux Allemands dans tous les pays slaves. Un cinquième seulement de cette population de langue allemande demeure en masse compacte ; les autres vivent disséminés au milieu des Magyares et des Tchèques. Plus loin, en Transylvanie, dans la Bukowine et dans la Woïwodine, un dixième de la population totale porte allemand et représente un groupe de 400,000 individus, pour la plupart Saxons, descendans de colons arrives au Ⅻe siècle. Quelques localités allemandes se montrent encore en Esclavonie et en Croatie, mais disséminées et rares. En Dalmatie, on n’en voit plus. Le nombre des Allemands mêlés aux Serbes, aux Croates, aux Slovènes sur le territoire autrichien compris entre le Danube, la Drave et le Mur ne dépasse pas 40,000 sur un total de 2,230,000 habitans. En Styrie, Czörnig compte en 1857 environ 640,000 Allemands et 231,000 en Carinthie, immigrés dans l’intervalle du Ⅸe au Ⅻe siècle, vivant en agglomération ou disséminés parmi les Slovènes. La colonisation allemande s’est tenue surtout le long de la Drave. La ligne de réparation des langues suit en Styrie une limite plus ou moins naturelle par les Windischen Buhel, le Platsch, Posruck et Radl. Dans la Carinthie, elle longe la Drave jusqu’à la ligne de partage des eaux, entre le Dobracz et le Gail, au-delà de Villach, pour descendre ensuite par la vallée de la Fella. Dans le district de Kraïn, habitent encore plus de 30,000 Allemands ; 8,000 environ dans le Frioul et l’Istrie, y compris le port de Trieste, où l’élément italien prédomine.

On le voit, l’élément allemand est numériquement de beaucoup inférieur aux élémens slaves dans la population de l’empire d’Autriche. En 1880, cette population s’est élevée à 37,869,000 habitans, dont 8,000,000 d’Allemands à peine, représentant 21 à 22 pour 100 de l’ensemble. Quoi d’étonnant que les Allemands ne conservent pas la prépondérance dans de pareilles conditions, malgré leur supériorité relative aux autres peuples de la monarchie pris en particulier ! Dans l’empire d’Allemagne, la proportion des