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comme l’on sait, à tout le monde ; et je pourrais dire plus d’une matière sur laquelle beaucoup d’entre eux sont encore ce que l’on saurait lire de plus instructif et parfois de plus neuf.

Les Mille et un Jours, que publie la librairie Delagrave, et dont l’illustration, malheureusement, n’est pas tout à fait ce que l’on voudrait, sont un recueil de Contes persans, traduits pour la première fois, au commencement du XVIIIe siècle, par l’orientaliste Pétis de La Croix. Les bibliographes affirment que l’auteur de Gil Blas, qui n’était encore alors celui que de Turcaret et du Diable boiteux, aurait retouché les deux premiers volumes de la traduction, qui en formait cinq, et nous avons quelque raison de le croire avec eux. On ne sait pourquoi ces Mille et un Jours avaient depuis quelques années comme disparu de la circulation. La librairie Delagrave a bien fait de nous les rendre, et nous ne doutons pas que, dans cette édition nouvelle, ils retrouvent leur succès d’autrefois. Il va sans dire qu’en nous les rendant, on les a d’ailleurs soigneusement expurgés de tout ce qu’ils contiennent, dans leur texte original et dans la traduction même de Pétis de La Croix, de trop libre et de trop hardi. Nommons encore à la même librairie : la Nouvelle Seheherazade, par Leïla-Hanoum, autre recueil de contes orientaux, mais d’un accent plus moderne ; Mont-Salvage, par Mme S. Blandy ; l’Espion des écoles, par M. Louis Ulbach, une histoire « parisienne » rapportée de Lisbonne ; enfin Jean Déperret, par Mme A. Lion et Bébés et Papas, par M. Charlet-Segard. Tous ces volumes, extraits pour la plupart du Musée des familles ou du Saint-Nicolas, sont bien appropriés à leur jeune public. Ils sont d’ailleurs convenablement illustrés.

La librairie Hetzel, cette année comme les précédentes, avec son exacte régularité, nous offre son choix de gros, moyens et petits volumes, dix-neuf en tout, depuis l’album pour le premier âge, comme s’exprime le catalogue, — la Revanche de Cassandre, par M. Robert Tinant, ou une Drôle d’école, par M. Becker, — jusqu’au livre presque savant, tel que celui de M. Aristide Rey : les Travailleurs et Malfaiteurs microscopiques, dont le titre indique assez le sujet. L’homme utile et distingué qui dirige la Bibliothèque d’Éducation et de Récréation n’a jamais laissé passer l’occasion d’enrichir son catalogue, année par année, de quelque actualité scientifique nouvelle, et de tenir ainsi ses jeunes lecteurs, ou du moins les studieux d’entre eux, au courant du progrès de la science. On trouvera dans le livre de M. Aristide Rey un instructif résumé des questions relatives aux fermentations, en même temps qu’une très claire exposition de ce que l’on appelle aujourd’hui les théories microbiennes. Il n’est pas d’ailleurs indispensable d’être jeune pour y trouver profit en même temps qu’intérêt, et nous pouvons hardiment recommander ce volume à des lecteurs de plus de quinze ans.

Autant il nous parait bon que l’on mette la science même à la portée de la jeunesse, en lui laissant d’ailleurs son véritable caractère,