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traits de l’amour divin ; » mais sans cesser d’être homme, ou plutôt en faisant déborder sur toutes les créatures l’excès de charité qui semblait se renouveler dans son cœur à mesure qu’il le dépensait. Ce livre, publié par les soins des pères de Châtel et de Porrentruy, se divise en deux parties : la Vie de saint François, et Saint François après sa mort. De nombreux artistes, au premier rang desquels figurent M. Léopold Flameng, M. François Gaillard, M. T. de Mare, — car nous ne pouvons ici les nommer tous, — ont concouru à faire de ce livre un des vraiment beaux livres que l’on puisse voir. A. la vérité, si nous ne consultions que notre goût, nous y reprendrions peut-être la diversité des procédés employés pour l’illustrer, mais il est bien probable que cette diversité même, pour la plupart des amateurs, ne fera qu’ajouter à son prix. Quant au texte, les noms des auteurs, qui tous appartiennent à l’ordre de Saint-François, peuvent sans doute suffire à en garantir l’intérêt, la valeur, l’autorité surtout. Il n’y a qu’un dernier chapitre, et non pas le moins intéressant, sur Saint François dans l’art, dont le rédacteur a voulu garder l’anonyme* Les opinions qu’il y exprime vaudraient la peine d’être discutées ; et c’est avec M. Eugène Müntz que je voudrais le voir aux prises, sur cette grande question des rapports de l’art avec la religion dans l’histoire de la renaissance italienne.

Pour ne pas chercher les transitions à tout prix, est-on tenu de les fuir quand elles se présentent ? Puisque donc il se peut que Jeanne d’Arc ait fait partie du tiers-ordre des franciscains, et puisque les auteurs de Saint François d’Assise n’ont garde, en attendant, de ne pas la revendiquer, nous ne saurions mieux placer les quelques mots que nous avons à dire de la Jeanne d’Arc de M. Marius Sepet. Paru pour la première fois en 1869 à la librairie Marne, le livre de M. Marius Sepet a été refondu dans toutes celles de ses parties que la critique historique, depuis une quinzaine d’années, avait modifiées ou renouvelées. Ainsi tiré des meilleures sources, dégagé de tout l’appareil critique dont il faut commencer par se débarrasser si l’on veut être lu, vivifié par une ardeur de conviction religieuse qui pourrait bien n’être pas inutile à l’intelligence même de la mission de Jeanne d’Arc, le livre de M. Marius Sepet, s’il n’est pas la meilleur, est l’un des meilleurs au moins qu’il y ait sur la Pucelle, et pour toutes ces raisons nous ne saurions trop le recommander. L’illustration, faite exprès pour le livre, défectueuse parfois dans l’exécution, mais partout heureusement et noblement conçue, uniforme d’ailleurs, et ainsi ne détournant pas l’œil à chaque instant du sujet vers le procédé, ne mérite pas, en général, moins ni de moindres éloges.

La librairie Hachette, elle toute seule, aurait de quoi nous retenir aussi longtemps que plusieurs autres ensemble. Dans le troisième volume de leur Histoire de l’art dans l’antiquité, MM. Perrot et Chipiez,