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ses traits les plus particuliers. Les renseignemens de toute sorte abondent, lentement, patiemment recueillis, avec une piété que nous louerions encore plus, s’il ne s’y mêlait trop de superstition, mais enfin dont l’historien ne saurait jamais être absolument dépourvu. Et c’est dans ce commentaire que l’histoire trouvera son profit, comme la curiosité son plaisir dans le caractère de l’illustration.

Publié par les mêmes éditeurs, le nouvel ouvrage de M. Eugène Müntz, sur la Renaissance en Italie et en France à l’époque de Charles VIII, n’est ni moins heureusement ni moins abondamment illustré. C’est cependant et surtout le texte que l’on en appréciera. L’auteur y détermine d’abord, dans son Introduction, ce que l’on pourrait appeler le domaine de la renaissance, tel que l’ont constitué des travaux bien récens encore, puisqu’il y a moins de cinquante ans, dans la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie française ; le mot même de renaissance ne figurait pas encore dans son sens historique. Viennent ensuite trois livres qui traitent, le premier, de l’Esprit de la renaissance, le second, de la Renaissance dans les différentes capitales de l’Italie, et le troisième enfin de la Renaissance en France au XVe siècle. D’autres que nous jugeront si ce dernier livre est, au fond et en réalité, ce qu’il nous parait être, le plus nouveau des trois ; mais nous pouvons bien dire qu’à la plupart des lecteurs, il produira sans doute te même effet de nouveauté qu’à nous. Les deux autres ajoutent beaucoup à cette grande histoire de la renaissance dont M. Müntz, dans ses Précurseurs et dans son Raphaël, nous avait déjà donné deux importans chapitres et que nous espérons bien qu’il achèvera quelque jour.

Passons plus rapidement sur le Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’y rattachent. Comme tout Dictionnaire, en effet, le Dictionnaire de M. Arthur Pougin est de ces livres qui ne se connaissent qu’à l’usage. Il a ce mérite au moins d’être le premier Dictionnaire en son genre, et d’ouvrir ainsi les voies à ceux même qui corrigeront ce qu’il peut contenir d’erreurs comme à ceux qui répareront ce que le temps y fera voir de lacunes. La gloire d’être le premier se joignant, dans la circonstance, à l’avantage d’être le seul, nous ne doutons pas que ce Dictionnaire ne soit favorablement accueilli de quiconque s’intéresse à l’art si français du théâtre. De nombreuses gravures et de jolies chromolithographies accompagnent le texte.

Nous ne saurions quitter la librairie Firmin-Didot sans nommer au moins les trois volumes dont s’accroît, cette année, le Walter Scott illustré que nous avons signalé déjà plus d’une fois : le Monastère, la Prison d’Edimbourg et la Jolie Fille de Perth. Un quatrième volume, dans le même format, du même caractère, et non moins habilement illustré, le Dernier des Mohicans, inaugure, en outre, la publication d’un Fenimore Cooper. C’est seulement une question de savoir, après un demi-siècle écoulé, si le romancier américain est encore capable de