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quelque succès qu’il y dût obtenir, ne l’ait pas produit, comme Mlle Montaland, dans Bataille de Dames : j’en félicite pourtant M. Perrin. Au Gymnase, pour spectacle nouveau, c’est la Camaraderie qu’on prépare : grand bien fasse à M. Koning ! Je ne serais pas surpris qu’à l’Odéon, après cette honorable reprise des Ménechmes, on ne ressuscitât la Calomnie, mais j’en serais fâché pour l’Odéon. Avant et après l’Amour, au Vaudeville, deux ouvrages de Dumanoir estimés avec quelque raison, les Invalides du mariage et les Femmes terribles, n’ont pas forcé l’indifférence du public : il faut appeler le Plus Heureux des trois à la rescousse. Au Palais-Royal, après l’échec du Cupidon, de M. Bisson, un autre imbroglio, les Petites Godin, de M. Ordonneau, se tord laborieusement pour faire rire et n’y réussit qu’à peine. Je sais bien qu’aux Nouveautés, le Château de Tire-Larigot, la féerie burlesque de MM. Blum et Toché, attire les personnes du bel air ; qu’aux Menus-Plaisirs, Ma Femme manque de chic, l’aimable vaudeville de MM. Busnach et Debrit, amuse beaucoup d’honnêtes gens ; et qu’à la Renaissance, après l’Amazone, — une comédie de MM. Pierre Decourcelle et Ferdinand Bloch, qui n’était pas dépourvue de mérite, — après l’Inflexible, — une tragédie en prose de MM. Parodi et Vilbert, qui visait plus haut qu’elle n’atteignait, — c’est le Voyage au Caucase, de MM. Blavet et Carré, une farce pleine de bonne humeur, honnête et sans prétention, qui ramène la fortune. Je sais que ni le Voyage au Caucase, ni Ma Femme manque de chic, ni le Château de Tire-Larigot ne sont des nouveautés si neuves qu’il faille les saluer comme les rayons d’une aurore. Je sais même qu’une vieillerie, Fualdès, galvanisée par Mme Marie Laurent et M. Taillade, fait courir les curieux à l’Ambigu, et qu’à cette vieillerie lugubre une vieillerie joviale, la Fille du diable, va succéder, peut-être avec succès. Je sais que, près de la Bastille, un drame de M. George Richard, Boislaurier, soutenu par M. Paul Esquier, a réussi, et que ce drame n’était pas un miracle d’originalité… Mais je sais aussi que, chez Guignol, plusieurs pièces construites selon d’antiques formules sont encore applaudies : est-ce une raison pour ne rien souhaiter qui s’élève au-dessus ?


Louis GANDERAX.