de Sligo, sous la prévention de complicité dans plusieurs meurtres ou tentatives de meurtre. Pendant ce temps, Egan et Daly étaient renvoyés devant les assises du comté de Warwick, en Angleterre, en même temps qu’un troisième personnage, Mac-Donnell, présumé leur complice. Après une instruction qui a duré plusieurs mois, Egan a été condamné aux travaux forcés à perpétuité et Daly à vingt ans. Mac-Donnell a été déclaré coupable, mais mis en liberté sous caution, jusqu’à nouvel ordre, soit qu’on le considère comme ayant été dupe des deux autres, soit qu’on veuille se servir de lui pour obtenu : des renseignemens.
La police n’avait cependant pas mis la main sur tous les dépôts de dynamite, car six semaines après l’arrestation d’Egan et de Daly une triple explosion venait terrifier Londres. Cette fois le coup avait été bien préparé. Dans la soirée du 30 mai, à peu près au même moment, entre neuf et dix heures du soir, une machine infernale éclatait dans la cour du bureau central de police, à Scotland-Yard, et deux autres dans le fossé en sous-sol de Junior-Carlton-Club, un des cercles conservateurs de Londres, dans Saint-James-Square. Au bureau de police, il y eut des bâtimens endommagés et un agent grièvement blessé. A Junior-Carlton-Club, de pauvres domestiques reçurent des blessures, heureusement sans gravité, et les vitres de quelques fenêtres volèrent en éclats. Dans cette même soirée, on trouva dans le square de Trafalgar, au pied de la statue de Nelson, un petit paquet de dynamite avec une mèche éteinte. Voilà à quoi se réduisent jusqu’à présent, en Angleterre, les exploits de la révolution scientifique.
Il ne faut pas croire que l’emploi de ces odieux moyens fût approuvé par toute l’émigration irlandaise. James Stephens, le chef de la conspiration feniane de 1866-1867, réfugié depuis cette époque à Paris, tout en restant partisan d’une insurrection à main armée contre l’Angleterre, réprouvait les chevaliers de la dynamite, non pts seulement comme des criminels, mais comme des imbéciles. A plus forte raison, les membres du parlement comme M. Parnell et ses amis se tenaient-ils à l’écart d’une tourbe de conspirateurs sans scrupules, qui ne pouvaient que compromettre et souiller la cause île l’Irlande. M. Parnell d’ailleurs éprouvait un sentiment fréquent chez les révolutionnaires parvenus à une grande situation. De plus en plus il prenait goût à la politique régulière ; de plus en plus il trouvait inutile de recourir à l’emploi des moyens violens, puisqu’il pouvait, par l’action légale et par le jeu parlementaire, exercer de l’influence, obtenir des succès, peser sur la politique du gouvernement.
Le 24 février 1884, à l’ouverture de la session parlementaire,