Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 66.djvu/910

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dressé, contrôlé, approuvé par nos ingénieurs, nous remarquons que le poids de la coque des avisos-torpilleurs à grande vitesse doit être 40 pour 400 du poids total, le poids de l’appareil évaporatoire 25 pour 100 du poids total, le poids de l’approvisionnement de charbon 13 pour 100 du poids total. Nous dirons donc à notre tour, comme l’auteur de l’étude à laquelle nous répondons : Nous voilà bien loin des chiffres d’après lesquels le poids de l’appareil moteur évaporatoire devrait être de 45 pour 100 du poids total ! Et en faisant sur les chiffres ci-dessus, chiffres exacts, chiffres incontestables, puisque nous les tirons d’un document officiel, le même calcul que notre contradicteur, nous trouvons qu’il nous reste une fraction de 22 pour 100 disponible pour l’armement militaire, les vivres, les rechanges et l’équipage au lieu d’une fraction de 5 pour 100 qu’on voulait nous imposer. Sur cette fraction de 22 pour 100, il nous sera facile de prélever 7 pour 100, soit 1/15e environ, pour l’artillerie ; c’est même à peu près cette fraction qui est réservée, dans le devis des avisos-torpilleurs dont nous parlons, pour les divers appareils de ces bateaux, attendu que le poids de ces appareils s’élève à 19 tonn. 500. En rognant un peu, très légèrement, sur la mâture, que nous voudrions réduire à un mât de fortune, les ancres et les chaînes, pour lesquelles on sacrifie un poids de 7 tonneaux, qui nous paraît exagéré, sur les vivres des hommes, qu’on porte à quarante jours, tandis que le combustible ne dépasse pas dix jours, et qui ne devraient pas, selon nous, aller au-delà d’un mois, on arriverait bien aisément à avoir pour l’artillerie un poids disponible de 22 tonneaux, soit 7 pour 100 du poids total.

Veut-on un troisième exemple ? Nous choisirons celui des torpilleurs, type 60, déplaçant 45 tonneaux environ. Leur appareil militaire comprend les poids suivans : deux tubes de lancement, avec accumulateurs pesant 1,200 kilogrammes ; une pompe de compression pesant 400 kilogrammes et quatre torpilles pesant 1,600 kilogrammes, soit en tout 3 tonn. 200 ; ce qui représente 7 pour 100 du poids total.

Qu’on veuille bien excuser l’aridité de ces détails, un peu techniques sans doute, mais qui sont indispensables pour éviter le reproche de faire de la pure théorie. Nous avons choisi trois comparaisons précises avec trois bateaux de dimensions différentes pour mieux établir qu’on peut toujours disposer, sur un navire rapide, d’une fraction de 7 pour 100 du poids total à consacrer à l’appareil militaire. Si cet appareil militaire est uniquement constitué avec l’artillerie, il en résulte que, pour porter un canon de 14cm, un bateau de 150 tonneaux suffit très largement. Qu’on ne nous dise donc plus qu’il nous faudrait à cet effet un bateau de 360 tonneaux au minimum ! Sur un bateau rapide de dimensions pareilles, nous