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d’embrasure contre des batteries, les canonnières peuvent se tenir à des distances de plus de 400 mètres, où elles seront bien moins exposées que les torpilleurs. Toutefois, nous ne saurions admettre les chiffres de l’étude que nous venons de citer, et nous continuons à soutenir qu’il est possible de construire des bateaux rapides portant une artillerie raisonnable sans leur donner de trop grandes dimensions. En effet, nous croyons pouvoir montrer qu’il est aisé d’avoir un bateau rapide portant en artillerie un poids égal au 1/15e environ de son déplacement. Pour le prouver, nous prendrons trois exemples qui nous paraissent décisifs. Dans sa brochure, M. Gougeard propose le plan d’un navire qui est à la fois un torpilleur et une canonnière. Ce navire, recouvert d’un pont d’acier, filera entre 20 et 24 nœuds. Nous sommes persuadé qu’il réalisera les espérances de M. Gougeard, attendu qu’il a été approuvé par l’homme le plus compétent en ces matières, le directeur de nos constructions navales, M. de Bussy. Ce nivire a un déplacement de 1, 780 tonneaux. C’est évidemment beaucoup trop pour nous ; mais voyons ce qu’il porte. D’après l’auteur du projet, il doit avoir : six canons de 10cm avec approvisionnement, soit 30 tonneaux ; huit mitrailleuses avec approvisionnement, soit 5 tonneaux ; cinq tubes lance-torpilles avec leurs affûts, soit 5 tonneaux si on lance des torpilles de petites dimensions, et 7 tonn. 5 si on lance de grandes torpilles ; dix torpilles qui pèseront 2 tonn. 5 si elles sont du petit modèle et 4 tonneaux si elles sont de grand modèle ; enfin, des pompes de compression, accumulateurs et chantiers du poids de 4 tonneaux. Le total de cet armement est donc de 46 tonn. 5 ou de 50 tonn. 5. Maintenant, si l’on considère que le bateau de M. Gougeard à un pont cuirassé à 7 mètres dans la région qui recouvre la machine et à 4 mètres sur l’avant et l’arrière, qu’un pont pareil pèsera plus de 200 tonneaux, on conviendra sans peine que, en diminuant de 1/3 l’épaisseur de ce pont, on ne perdra pas grand’chose au point de vue de la protection du bateau, protection dont nous ne voudrions pas du reste, étant convaincus que les canonnières, comme les torpilleurs, ne doivent plus chercher dans la cuirasse, même réduite, des garanties d’invulnérabilité. Quoi qu’il en soit, en opérant cette réduction, on aura un excédent de poids disponible de 70 tonneaux. Ce poids, ajouté aux 50 tonneaux indiqués tout à l’heure, donnera 120 tonneaux pour l’artillerie, soit un peu plus du 1/15e du déplacement total du navire.

Nous prendrons comme second exemple les avisos-torpilleurs Bombe, Coulevrine, Dague, Dragonne, Flèche et Lance, construits par la maison Claparède et par la Société des Forges et Chantiers, pour un prix que nous avons cité plus haut. Dans le marché passé par le ministère de la marine avec la maison Claparède, marché