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vrai, des manœuvres allemandes ; Mais voici comment la Gazette de Voss a résumé les leçons générales qui en ont découlé : « Non-seulement tous les cuirassés étaient munis d’appareils de torpilles explosibles, mais une division spéciale de torpilleurs avait été attachée à l’escadre à la fin de juillet, et on y ajouta plus tard une autre division d’expérience pour essayer les nouveaux torpilleurs. Les résultats de ces essais ont confirmé la valeur de cet engin sous-marin pour la défense des côtes allemandes. On semble, en fin de compte, avoir renoncé à l’idée de placer un ou deux bateaux-torpilleurs à bord de chaque grand cuirassé. On trouve préférable de faire des torpilleurs de plus grande dimension, de manière et les rendre capables de tenir la mer et de les relier au cuirassé d’escadre comme une sorte d’appendice flottant. Les expériences de cette année ont confirmé la conviction que les cuirassés monstres peuvent être coulés par la simple explosion d’une torpille. Même par un brillant clair de lune et malgré la plus grande vigilance, aucun navire n’est à l’abri des attaques qui peuvent être dirigées contre lui, surtout s’il est à l’ancre et au large d’une cote abondamment pourvue de bateaux-torpilleurs. Même en se déplaçant, les navires faisant le blocus ne seront pas en sûreté, attendu que les torpilleurs peuvent les suivre et reconnaître leur proie à la clarté des feux qu’il est bien difficile à l’ennemi de dissimuler, s’il marche en escadre. Si le navire est frappé dans ses compartimens étanches, il peut être considéré comme mis hors de combat, par ce seul fait qu’il perd sa faculté d’évoluer. Le renforcement de la cuirasse, effectué dans les conditions recommandées par l’amiral Symonds, de la marine anglaise, ne saurait prévenir ce résultat. Autant qu’on en peut juger actuellement, on ne possède aucun moyen de protéger les plus puissans navires de combat, même ceux qui résument le dernier terme de la perfection, contre les effets destructeurs des bateaux-torpilleurs. On a essayé de faire surveiller les cuirassés d’escadre au moyen de bâtimens de garde placés autour d’eux à 500 mètres de distance ; mais l’expérience a prouvé que même par les plus beaux clairs de lune, et à supposer que les équipages fussent aussi éveillés qu’en plein jour, il est impossible d’assurer la sécurité du navire menacé. On a eu l’idée d’entourer les navires au mouillage d’une sorte de ceinture sous-marine formée de filets métalliques ; mais ce procédé n’a donné que des résultats peu pratiques, attendu que, si le bâtiment ainsi protégé vient à être attaqué, il ne peut se mouvoir et perd conséquemment presque tous ses moyens de défense. Quant aux bateaux-torpilleurs, ils sont difficiles à atteindre et présentent sur les gros navires, au moment de l’explosion de la torpille, l’avantage de pouvoir être facilement dirigés dans le sens qu’il convient pour en éviter le