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its worst form;.. unchristian mode of warfare,… telles étaient les expressions avec lesquelles ils essayaient de flétrir l’invention de leurs adversaires. Mais, après l’avoir flétrie, ils n’hésitèrent pas à en user à leur tour. Si peu chrétienne qu’elle fût, la torpille entra d’emblée dans les armes des peuples chrétiens. Dès lors, — et bien qu’à ce moment les cuirassés fussent à leur début, — on put prévoir que leur règne était fini avant d’avoir commencé. « Jusqu’ici, écrivait dans la Revue M. le prince de Joinville, il n’existe aucun moyen de se soustraire à ce danger (le danger de la torpille), qui, à la première guerre, menacera partout les navires de combat grands et petits. Il suffira d’un tonneau de poudre bien placé, d’un pétard apporté au milieu d’une nuit sombre par un homme déterminé, pour « envoyer par le fond » toute la force navale, tous les millions que représentent des navires tels que le Solférino ou le Warrior, sans compter les centaines d’êtres humains qui les monteront[1]. » Prédiction qui se serait réalisée complètement si, depuis la guerre de la sécession, il y avait eu dans le monde de grandes guerres maritimes. Partout où deux marines se sont trouvées en présence, la torpille a joué un rôle important, sinon décisif. Dans la lutte entre la Russie et la Turquie, de hardis marins russes ont fait sauter des monitors turcs en portant sous leurs flancs des torpilles explosibles ; dans la guerre du Chili contre le Pérou, une torpille de l’Independencia a coulé en quelques minutes le Janequeo ; et si la France, en 1870-1871, n’a pu forcer les ports de l’Allemagne et s’approcher de ses côtes, c’est en grande partie par crainte des torpilles que les Allemands y avaient semées avec une profusion telle qu’ils ont eu bien de la peine à les enlever quand la paix a été faite, et qu’ils ont perdu cent trente hommes en cherchant à les détruire.

Mais, quelque redoutable que fût la torpille sur les côtes et dans les rivières, il semblait, jusqu’à ces dernières années, que les escadres en pleine mer n’eussent pas grand’chose à redouter d’elle. À la vérité, la plupart de nos cuirassés avaient été munis de torpilles nommées torpilles divergentes, organisées de façon à pouvoir être méthodiquement tenues à distance, hors du sillage du navire. Mais ces torpilles remorquées étaient d’un emploi singulièrement délicat et hasardeux. Les officiers de marine constataient qu’elles provoquaient de grandes tensions sur les remorques et qu’on ne pouvait, sans s’exposer à des accidens de rupture, donner à l’appareil des vitesses supérieures à 10 nœuds. La manœuvre en était, d’ailleurs, toujours difficile, souvent inefficace. On avait beaucoup plus de confiance dans l’emploi des torpilles portées. L’histoire de ces torpilles

  1. La Marine en France et aux États-Unis en 1865. Revue du 15 août 1865.