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que les galériens n’y ont pas caché des armes, des limes, des instrumens quelconques propres à les déferrer. »

La philosophie d’une époque où le souvenir des Borgia n’était pas encore effacé me paraît excusable d’avoir pris la méfiance pour base de ses préceptes : « Tenez invariablement, enseignait-elle aux officiers de la flotte pontificale, par la bouche du capitaine de la Santa-Lucia, l’opprimé pour suspect : l’offenseur écrit l’injustice qu’il commet sur le sable ; l’offense la grave sur le marbre. » Tout était en effet à craindre de la part de ces hommes énergiques, dans la force de l’âge, qui n’avaient d’autre alternative que de mourir enchaînés sur leurs bancs ou de s’affranchir par un trait d’audace. Quels dangers auraient pu les intimider ? Leurs persécuteurs n’oubliaient pas cependant de les convier à la résignation en leur laissant entrevoir, pour prix de leurs peines temporelles, les perspectives consolantes d’une autre vie. Presque aussi féroce que le moyen âge, le XVIIe siècle trouvait tout naturel de se montrer sans pitié pour la chair humaine ; il se fût fait scrupule de négliger le salut des âmes. Dans toute expédition de quelque importance, l’amiral ne manquait pas d’embarquer à bord de chaque galère un ou plusieurs religieux, qui, après avoir, par leurs prières et par leurs mortifications, préparé le succès de l’entreprise, pussent encore, au moment de l’action, exhorter l’équipage à combattre courageusement pour la foi catholique. Même en temps de paix et pour les traversées les plus ordinaires, il n’était point d’état-major complet sans chapelain.

Ce gardien des âmes tenait sur la galère une place en harmonie avec les préoccupations du temps. « Que le chapelain, — ainsi s’exprime dans son excellent livre le capitaine Pantero Pantera, — soit versé dans les cas de conscience et sache discerner la gravité des fautes. Pasteur spirituel, on le verra se garder soigneusement lui-même de tout ce qui pourrait engendrer le scandale, rechercher, au contraire, les œuvres qu’il jugera de nature à édifier le prochain. Quel est son premier devoir ? D’user d’industrie pour conduire cet équipage si aventuré à l’amour et à la crainte du Créateur. Qu’il exhorte donc souvent la chiourme à supporter patiemment les travaux de cette vie pour l’amour de Dieu et pour l’expiation de ses péchés. Qu’il ait un soin diligent du culte divin et chante chaque samedi le Salve Regina ; chaque vigile de fête, les prières de la très sainte Vierge. »

S’il était des vaisseaux où le service religieux dût être entouré de pompe et de sollicitude, n’est-ce pas sur ces vaisseaux qui arboraient l’étendard de Saint-Pierre ? « La messe en galère » était cependant un privilège accordé aux seules galères de France ; on ne la disait sur aucun autre bâtiment à rames, pas même, comme le fait