première au onzième mille et la seconde an quatorzième. On peut donc, avec un compas, en marquer exactement la place sur une carte bien faite. C’est à quelque distance de Castel-Fusano, vers le lieu appelé la Palombara, qu’on la met ordinairement. Quant à croire qu’en fouillant le sol à cet endroit on pourra en retrouver quelques débris, c’est une illusion et une chimère. Les demeures des particuliers ne sont pas faites pour durer des siècles ; celle de Pline, depuis Trajan jusqu’à Théodose, a dû souvent changer de propriétaire ; et, comme chacun de ses nouveaux maîtres a voulu sans doute l’accommoder à ses goûts et à sa fortune, il est probable que, si elle existait encore à la fin de l’empire, ce n’était plus la même maison. Nibby a donc bien raison de dire qu’il ne reste plus rien d’elle que l’agréable description que Pline nous en a laissée.
Après avoir parcouru ce désert pendant plusieurs kilomètres, nous apercevons enfin devant nous une vaste habitation, aux formes étranges el massives. C’est Torre di Paterno, ou, comme on dit ordinairement, Tor-Paterno, une très grande ferme, qui appartient au roi d’Italie. Elle est située à peu de distance de la mer, à laquelle conduit une allée d’arbres qui se termine par un petit pavillon construit au milieu des sables du rivage.
Ce qui fait pour nous l’importance de cette ferme, c’est que presque tous les savans prétendent qu’elle est bâtie sur l’emplacement de Laurente. L’illustre antiquaire Fabretti fut, je crois, le premier qui émit cette opinion. A propos d’une inscription qu’il étudiait, et qui avait été trouvée dans cette contrée, il raconta qu’il avait vu à Tor-Paterno des ruines considérables et qu’il ne doutait pas qu’elles ne fussent le dernier débris de la ville de Latinus. Il ajoutait que, comme il avait quatre-vingts ans, il craignait beaucoup de n’avoir ni la force ni le temps d’en donner la preuve. En effet, il ne l’a donnée nulle part, mais on l’a cru sur parole, et son opinion a fait fortune. Quand on arrive à Tor-Paterno, les yeux sont d’abord frappés par une belle inscription moderne, qui affirme que nous sommes bien à Laurente, dans le pays même qui a été le berceau de Rome ;
L’inscription rappelle ensuite que, le 18 octobre 1845, le pape Grégoire XVI, amateur zélé de l’antiquité, a visité ces lieux, et que