« Encore une fois, je le trouve grand. Mais ne puis-je pas parler en toute liberté sur ses défauts ? » C’est en ces termes que Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie française, et cinquante ans seulement après la mort de Molière, croyait devoir déjà s’excuser de ce qu’il allait oser dire de l’auteur de Tartuffe et du Misanthrope. Utile sans doute en ce temps-là, puisque Fénelon la prenait, la précaution nous est indispensable aujourd’hui. Car, deux siècles tantôt passés ont bien pu nous conquérir toutes les libertés : les nécessaires, les superflues et même les dangereuses, ils ne nous ont pas encore donné le droit de penser sur Molière comme nous voudrions, et de le dire comme nous vie penserions. Nous pouvons parler librement de Corneille, et nous pouvons traiter Racine avec une franchise qui va souvent jusqu’à l’impertinence. Bien loin de s’indigner, il n’est personne qui songea s’étonner seulement si l’on critique dans Corneille a l’air d’héroïsme à tout propos, » et « la fausse gloire » » et « l’emphase du style. » À peine une voix s’élève-t-elle si l’on accuse Racine d’avoir manqué du « génie, dramatique, » ou le style d’Andromaque et de Phèdre de fourmiller d’expressions impropres et d’exemples notoires de « cacologie, »
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REVUE LITTÉRAIRE
TROIS MOLIÉRISTES
Études sur la vie et les œuvres de Molière, par M. Édouard Fournier, revues et mises en ordre par M. Paul Lacroix, et précédées d’une préface par M. Auguste Vitu. Paria, 1885 ; Laplace et Sanchez.