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thon, dont il perfectionna les instrumens de pêche. Il créa divers établissemens industriels, une filature de coton, qui ne subsista que jusqu’en 1865, une fonderie, qui, aujourd’hui encore, occupe 500 ouvriers ; il fonda avec Ingham, en 1840, la Société des bateaux à vapeur siciliens, qui fut entravée, par le gouvernement ; mais il revint à la charge en 1851, fit construire des bateaux en Angleterre et obtint en 1856 le service postal de Naples à Païenne et du tour de l’île. Dès, 1833, il avait créé à Marsala deux magasins devins, en face des deux immenses établissemens anglais, qui étaient déjà maîtres des principaux marchés du globe ; aussi resta-t-il vingt ans sans faire aucun bénéfice. Ce ne fut qu’en 1854, après avoir établi des dépôts de vins sur tous les points du continent pour faire connaître ses produits, qu’il commença à toucher 2 pour 100 de son capital. Son établissement, qui est aujourd’hui entre les mains de son fils, est très prospère ; il emploie 500 ouvriers et renferme des vins de tous les âges depuis 1833. Les diverses qualités qui en sortent sont : qualité extra (très vieux supérieur), qualité S. O. M. ; (très vieux), qualité anglaise, Malvoisie, Stromboli, Garibaldi, doux, Italie vierge, Paris vierge, etc.

Un vin qui commence à faire aussi parler de lui est le zucco. Il provient d’une ancienne propriété féodale de 2,400 hectares environ, acquise en 1853 par M. le duc d’Aumale ; 277 hectares sont en vigne, le surplus en agrumeti, oliviers, sumacs, terres labourables. Certaines parties du vignoble sont plantées de cépages de sauterne, d’Espagne et du Rhin, dont le mélange avec ceux de Sicile donne au vin de Zucco le bouquet tout spécial qui le caractérise. Ce vin provient exclusivement des vignes du domaine, qui sont cultivées avec le plus grand soin et qui emploient constamment de 500 à 600 ouvriers ; elles sont échalassées avec des roseaux pour que le raisin mûrisse également et ne traîne pas à terre ; la vendange s’opère en deux fois, en septembre pour les raisins les plus précoces, en octobre pour les autres. L’unification du vin, qui se fait, non comme à Marsala, par l’addition d’alcool, mais par le mélange des récoltes de différentes années, donne un produit d’une pureté exceptionnelle et d’un type particulier. On ne cherche, en effet, à imiter aucun vin étranger et l’on ne livre au commerce que deux espèces de vins, le rouge ou gambino, et le blanc ou zucco, telles que le sol les produit. Toutefois ils ne sortent des chais qu’après quatre années, c’est-à-dire lorsque la fermentation alcoolique est complètement terminée. Comme la consommation actuelle du vin de Zucco n’est encore que de 2,000 hectolitres par an, tandis que la production des vignes du domaine s’élève de 6,000 à 3,000 hectolitres, le surplus est vendu sans marque, soit en moûts