Les orangers étaient donc inconnus dans l’antiquité, bien que les oranges ne le fussent pas tout à fait, puisque les empereurs en faisaient venir de Perse. Il n’est pas impossible que les Grecs en eussent entendu parler et que ces fruits aient servi de base à la fable des pommes d’or du jardin des Hespérides. Quoi qu’il en soit, cet arbre est aujourd’hui cultivé sur tout le littoral et dans toutes les îles de la Méditerranée où, suivant les régions, il donne des fruits de qualité très variable. Ce n’est pas par ceux qui ornent nos jardins, emprisonnés dans des caisses, qu’on peut juger de ces végétaux. Il faut, pour cela, voir l’immense plaine de la Conca d’Oro, autour de Palerme, couverte de leurs frondaisons sombres et métalliques, piquées de points d’or et de taches blanches, qui embaument l’atmosphère ; pour connaître leurs fruits, il faut les cueillir soi-même en pleine maturité afin de ne rien perdre de leur jus sucré et savoureux ; ceux qu’on expédie au loin sont toujours plus ou moins acides parce que, pour les mettre à même de supporter le voyage, il faut les récolter avant qu’ils soient mors. Dans ces contrées privilégiées où la végétation ne s’arrête jamais, les orangers comme les citronniers ne cessent pour ainsi dire pas de produire et portent, pendant presque toute l’année, à la fois des fleurs et des fruits. Aussi en fait-on deux ou trois récoltes, dont la principale est celle du mois de novembre.
Les orangers, comme les autres espèces de la même famille, ne peuvent pas être cultivés en pleine terre au nord du 43e degré. Ils ne résistent pas à des froids de plus de 3 degrés au-dessous de zéro et périssent dès que le sol est gelé. Ils veulent de la chaleur et de l’eau. On leur donne cette dernière au moyen d’irrigations à raison de 200 mètres cubes par hectare, qu’on répète, suivant les pays et la nature du sol, soit toutes les semaines, soit tous les quinze jours. Il est nécessaire également de les fumer pour leur fournir les élémens qui constituent les fruits ; on évalue à 1 k. 19 la quantité d’azote correspondant à un millier d’oranges ; cette quantité est enlevée à chaque récolte et doit, par conséquent, être restituée au sol. Faute de cette restitution, les orangeries ne durent guère que vingt ou vingt-cinq ans. Les orangers se multiplient par semis ou par boutures ; ils sont élevés d’abord en pépinière, puis transplantés à 5 ou 6 mètres les uns des autres. On les greffe pour en hâter la fructification, autrement ils resteraient de douze à quinze ans sans fleurir. On greffe également les citronniers sur les orangers au lieu de les planter directement. Cette substitution est faite aujourd’hui par beaucoup de propriétaires, parce que le citron est plus facile à expédier au loin que l’orange et que le prix subit moins de variations. Ils exigent les uns et les autres beaucoup de soins, réclament l’ablation de toutes les branches mortes et, plusieurs fois par an,