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tous les rameaux en excès. Comme la fleur ne se montre que sur le bois de deux ans, et de préférence sur les tiges horizontales exposées à la lumière, il convient que la cime ne soit pas trop touffue.

Il ne faut pas attendre pour récolter l’olive que la maturité l’ait fait tomber sur le sol, car elle donne alors à l’huile un goût acre et peu agréable ; le fruit cueilli avant d’être tout à fait mûr produit au contraire une huile plus fine et plus savoureuse. En le pressant dans cet état, on détruit dans leur germe les œufs que la mouche de l’olive vient souvent déposer dans la pulpe et d’où sortent des vers qui s’en nourrissent et qui rendent l’huile absolument infecte. Cette mouche est une véritable calamité ; elle couvre les murs et les toits des maisons au moment de la fabrication de l’huile et détruit les récoltes trois années sur quatre. Sans ce fléau, qu’on pourrait peut-être combattre en favorisant la multiplication des oiseaux insectivores, l’olivier justifierait la préférence que lui donne Columelle, car il commence à produire à l’âge de quinze ans ; à ce moment, il rapporte 240 kilos d’huile par hectare représentant un revenu de 700 francs, ou de 350 francs par an, si, comme on le suppose, l’olivier ne produit une récolte complète que tous les deux ans ; mais la quantité augmente avec l’âge des arbres et peut s’élever jusqu’à 12,000 kilos. La production annuelle de la Sicile est évaluée à 372,385 hectolitres.

L’oranger est avec l’olivier un des arbres les plus précieux de la Sicile. Dans son savant ouvrage sur l’origine des plantes cultivées[1] de Candolle considère la famille des aurantiacées comme originaire de l’Asie centrale, où l’on en trouve encore à l’état sauvage de nombreuses variétés. L’une d’elles cependant, le pamplemousse, paraît avoir existé dans les îles du Pacifique. Le cédratier, qui se distingue en cédratier à fruits doux (pommes de l’Yemen) et cédratier à fruits acides (limons et citrons), vient de l’Inde et de là s’est répandu peu à peu dans l’Asie occidentale, en Grèce et en Italie, où il n’a été cultivé qu’aux IIIe et IVe siècles. Le bigaradier est la variété qui donne des fruits amers ; il paraît être le type primitif de la famille, car l’oranger ordinaire donne fréquemment des oranges amères, tandis que le bigaradier ne donne jamais d’oranges douces. Il était inconnu des Grecs et des Romains et n’a été importé en Italie et en Sicile que par les Arabes vers l’an 1000 et plus tard en Espagne. L’oranger à fruits doux, originaire de Chine et de Cochinchine, n’est venu que beaucoup plus tard ; il en est de même du mandarinier, qui n’a été cultivé en Europe qu’au commencement de ce siècle ;

  1. Origine des plantes cultivées, par Alphonse de Candolle. Paris, 1883 ; Germer-Baillière.