Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 66.djvu/640

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Arabes de Sicile, quoique moins avancés que les Maures d’Espagne, ont été des civilisateurs et ont ! laissé partout des monumens de leur présence. Pour l’agriculture notamment, ils étaient très habiles ; ils avaient poussé fort loin l’art des irrigations et suivaient dans les diverses opérations culturales des principes dont on ne s’écarte guère encore aujourd’hui, tant on en a reconnu la justesse. C’est ainsi qu’on trouve dans le Livre d’Ibn al-Awan[1] tous les préceptes relatifs à la culture de l’olivier. Cet lbn-al-Awan était un Arabe de Séville qui écrivit au XIIe siècle et qui puisa beaucoup dans les ouvrages antérieurs au sien, notamment dans celui d’Ibn-Wahschiah sur l’agriculture nabatéenne (ancienne Chaldée), écrit au Xe siècle : « D’après ce dernier, à qui Dieu fasse miséricorde, la terre qui convient à l’olivier est la terre légère, sèche et dénuée d’herbes, située en coteaux et en montagnes, car le vent lui est favorable et dans les régions qui confinent à la zone tempérée. L’irrigation ne lui est pas indispensable, mais elle augmente la production, ainsi que la fumure, qui doit être composée de crottin de chèvre, de brebis, d’âne ou de cheval. » — A ces règles, qui sont reproduites par tous les auteurs, Ibn-al-Awan en ajoute d’autres, qui, pour être excellentes en elles-mêmes, ne sont pas indispensables, croyons-nous, pour la culture qui nous occupe : — « On ne doit, dit-il, confier la plantation de l’olivier, la culture et les divers soins qu’il réclame qu’à un homme de bonnes mœurs, exempt de vices et d’une conduite régulière ; avec cela le produit sera plus abondant et les fruits mieux nourris. »

M. de Gasparin, dans son Cours d’agriculture, ne paraît pas attacher à ces considérations la même importance que l’auteur arabe et se borne à nous indiquer les procédés pratiques de la culture de l’olivier. On peut se procurer des plants d’olivier, soit par bouture, soit par semis ; dans ce dernier cas, il faut avoir soin de casser le noyau, autrement le germe mettrait deux ans à sortir de terre. On se sert également des rejets qui poussent au pied des arbres, qu’on met en pépinière et qu’on replante ensuite vers l’âge de quatorze ans après les avoir greffés. On les espace à 5 mètres les uns des autres, de façon à ce que la tête puisse prendre tout son développement, ce qui permet de cultiver entre les arbres des plantes annuelles comme l’avoine ou le seigle, et de faire profiter les oliviers des labours et des fumures nécessitées par ces cultures. La taille de l’olivier exige de grands soins ; il faut non-seulement lui enlever toutes les branches mortes et le bois pourri, mais le débarrasser de

  1. Le Livre de l’agriculture d’Ibn-al-Awan, traduit de l’arabe par M. Clément Mullet. Leroux, 1864.