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il a publié les résultats, en 1868, dans le Bulletin de la Société industrielle de Lille. La plupart de ces mines appartiennent aux grands propriétaires territoriaux, qui s’en font un titre de gloire et ne les aliènent qu’à la dernière extrémité. Comme la propriété de la surface entraîne celle du dessous, chacun est maître chez lui et l’état n’a pas le droit d’accorder des concessions. Il est rare cependant que les propriétaires exploitent les soufrières pour leur compte ; le plus souvent ils les donnent en gabelle à des négocians ou à des sociétés étrangères et se font payer une redevance proportionnelle à la quantité de minerai extraite. Pour les mines dont l’exploitation n’est pas en activité et dont la mise en train exige une avance de capitaux, la durée des contrats varie de vingt à vingt-cinq ans et la redevance de 15 à 18 pour 100 du produit ; pour celles au contraire qui sont en pleine exploitation, la durée des contrats n’est que de huit ou dix ans et la redevance de 20 pu 30 pour 100.

La recherche des mines se fait d’une façon rudimentaire, au moyen de galeries inclinées à 45 degrés, dans lesquelles on taille des escaliers qui serviront plus tard à l’extraction du minerai et qu’on creuse, jusqu’à ce qu’on rencontre la couche soufrière, à une profondeur qui varie de 30 à 80 mètres ; ces galeries sont ouvertes sans aucune règle, ce qui donne fréquemment lieu, entre propriétaires voisins, à de graves difficultés. La roche est abattue au pic, l’emploi de la poudre étant considéré comme dangereux, et transportée dans des paniers par de jeunes garçons de six à seize ans, qui gravissent les escaliers des galeries sous des charges excessives. Ils sont absolument nus, car la température des mines est très élevée, faute de puits d’aérage qu’il serait facile d’établir. Depuis quelques années cependant, et non sans avoir éprouvé une vive résistance de la part des mineurs, des compagnies étrangères ont commencé à employer des machines pour les travaux d’extraction et pour l’épuisement des eaux. Quand par hasard le feu prend dans ces mines, l’incendie se propage avec une grande violence et dure très longtemps ; il y a à Sommatino une montagne en feu depuis cinquante ans ; dans celles où l’incendie est éteint, on rencontre le soufre à l’état pur par masses de 20,000 à 30,000 kilogrammes.

La purification du soufre se fait au moyen de calcarones. Ce sont des aires en maçonnerie, légèrement inclinées, entourées d’un mur de 1m,50 de hauteur, et sur lesquelles on dispose, sous forme de cône aplati, une quantité de minerai variant de 250 à 600 mètres cubes. On y met le feu, et le soufre en fusion s’écoule dans une petite maisonnette située à la partie la plus basse du plan incliné, où le reçoivent des auges en bois dans lesquelles il se solidifie. C’est donc le soufre lui-même qui sert de