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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les conditions dans lesquelles s’est effectuée la dernière liquidation ont encore une fois donné raison à la ténacité des haussiers. L’argent n’avait nullement augmenté de prix; les vendeurs se trouvaient toujours en face de la même rareté de titres; le comptant ne livrait rien; les acheteurs ont pu se faire reporter presque sans sacrifice. On a même coté du déport sur un assez grand nombre de valeurs. Si avantageuses que fussent toutes ces données pour la spéculation à la hausse, on devait se demander si la campagne pouvait encore se poursuivre ou si le mois de novembre marquerait un temps d’arrêt, sinon une réaction. En fait, les inquiétudes causées par le caractère de gravité que prenait le conflit avec la Chine avaient empêché les acheteurs, en octobre, de tirer parti de leurs avantages passés. Ils avaient maintenu leurs positions sur les rentes françaises et c’était tout. Nous ne parlons pas des valeurs, la spéculation les abandonnant à l’action confuse et souvent déréglée du comptant.

Le 4 1/2, qui avait été compensé fin septembre à 109.25, l’a été fin octobre à 108.15. Si l’on ajoute à ce prix le montant du coupon trimestriel détaché le jour même, on obtient 109.27, soit exactement le cours du mois précédent, accru du montant du report. Les deux rentes 3 pour 100, après diverses fluctuations, étaient également revenues à leur point de départ. En dépit des difficultés de l’entreprise du Tonkin, les haussiers paraissaient disposés à tenter la reprise d’une partie du coupon détaché sur le 4 1/2, lorsque l’apparition de l’épidémie cholérique est venue modifier la situation. Les baissiers, qui guettaient un prétexte, ont saisi avidement celui qui s’offrait, bien que l’expérience ait déjà prouvé à plusieurs reprises que le choléra n’est une cause ni profonde ni durable de baisse, et que les ventes qui n’ont que cette justification provoquent de prompts regrets. D’autre part, les acheteurs ont laissé le champ libre à leurs adversaires, parce qu’ils voyaient se dresser devant eux un obstacle à la hausse, plus sérieux que l’épidémie, le resserrement de l’argent à Londres.

La Banque d’Angleterre a tous les ans vers cette époque à défendre sa réserve contre les besoins des banques écossaises et contre le drainage opéré pour compte de l’Amérique. Cette année, venaient