Macbeth en conscience; ni l’attention, ni le respect, de la première scène à la dernière, n’ont fait défaut. Mais d’éprouver, par une intelligence soudaine de l’ouvrage, par cette illumination qui ne se peut espérer qu’au théâtre, et par un attachement particulier de l’intérêt, et par un frisson nouveau de terreur, une sorte de plaisir qu’on ne puisse éprouver à un autre spectacle, à Louis XI ou à Fualdès, il n’en a pas été question : encore ne jurerais-je pas qu’à Louis XI on n’eût pris plus d’agrément, et à Fualdès plus de peur.
Est-ce aux comédiens qu’il faut imputer ce médiocre effet? Ils ne sont pas sans reproche. M. Paul Mounet paraît avoir composé le personnage de Macbeth avec assez de soin et de raison; il a ressenti, autant que sa mimique et sa musique permettent d’en juger, la barbarie et la mélancolie du-héros, sa férocité, sa faiblesse. Un « Hamlet dans le crime, » voilà bien le personnage qu’il nous montre. Mais quoi ! un tiers des paroles à peine est parvenu jusqu’à nous. M. Paul Mounet, sans doute, n’a pas été doué par les dieux du langage articulé; au moins n’a-t-il pas fait les études nécessaires pour l’élocution tragique : il dévore son rôle. Sa camarade, Mlle Tessandier, n’a entrepris ces études que récemment; elle aussi, malgré sa bonne volonté, laisse périr le texte. Assurément nous la blâmerons de pousser avec trop de vigueur le caractère de lady Macbeth, et d’une vigueur trop monotone : si l’héroïne était à ce point et constamment forcenée, elle n’aurait pas « cette petite main » que ne purifieront pas tous les parfums de l’Arabie; elle aurait au bout de chaque bras une solide pince d’étrangleur. Cependant, cette méprise générale, on serait tenté de la pardonner à Mlle Tessandier pour son aspect, sa démarche et sa physionomie dans la scène du somnambulisme; au lieu de l’agitation qu’y mettait Mlle Sarah Bernhardt et qui sentait l’actrice, Mlle Tessandier observe, selon la tradition de Mrs Siddons et de la Ristori, la simplicité d’attitude et de geste d’une véritable somnambule : ainsi, par des moyens plus conformes à la nature et plus dignes de l’art, elle émeut davantage. Mais la perte de tant de vers engloutis dans le débit des principaux interprètes, quel jeu de scène ou quel semblant de composition peut la réparer? Ainsi représenté, Macbeth devient une pantomime. Ce fut une surprise, le premier soir, au commencement du quatrième acte, quand Mlle Hadamard et M. Rebel, sous les noms de Malcolm et de Macduff, firent entendre des accens plus nets : il semblait qu’un génie eût délié les langues sur la scène ou débouché les oreilles dans la salle; un intermède d’opéra dans un ballet, voilà l’effet de ce passage, qui ne fut qu’un intermède. M. Lacroix pourrait donc, sans atrocité d’auteur, accuser d’une partie de son mécompte la diction des comédiens.
Aussi bien, quelque ami de M. Paul Mounet ou de Mlle Tessandier, s’il