générales d’automne de 1882, et, notamment, du résultat de la partie engagée dans l’état de New-York que date l’évolution politique qui vient d’aboutir à la défaite nationale du parti maître du gouvernement depuis vingt-quatre ans.
Les républicains avaient pour candidat M. Folger, secrétaire du trésor, personnage hautement respectable, fonctionnaire intègre, qui aurait honoré les fonctions de gouverneur de New-York comme il avait honoré ses fonctions de juge et de ministre des finances. Lorsqu’il mourut, il y a quelques semaines, tous les Américains, sans distinction de parti, ont rendu un juste hommage aux grandes qualités et à la dignité de caractère de ce bon citoyen, de cet administrateur éclairé qui n’avait rien du politicien vulgaire et qui laissait une réputation sans tache. Malheureusement, en 1882, sa candidature était imposée au parti républicain de New-York par les amis de M. Chester Arthur, qui conservait encore, à cette époque, l’illusion d’une réélection possible et songeait à préparer le terrain en plaçant un homme sûr à la tête de l’état-empire. Cette tentative fut une des fautes les plus lourdes du gouvernement de M. Chester Arthur, à d’autres égards honnête et respectable. Elle a ruiné son crédit, tandis qu’elle élevait le piédestal sur lequel on allait hisser M. Cleveland. Les républicains du New-York étaient, en effet, profondément divisés, et les prétentions de la Maison-Blanche se heurtaient à une opposition acharnée dans la convention des délégués du parti tenue à Saratoga. Pour enlever la nomination de M. Fulger, les amis de l’administration eurent recours aux procédés les moins avouables, aux pratiques les plus impudentes, même à des fraudes grossières dont la révélation immédiate souleva un tolle général. Le résultat fut que M. Cleveland obtint, le 7 novembre 1882, une énorme majorité contre M. Folger (550,000 voix contre 343,000). Aux démocrates complètement unis et rivalisant d’enthousiasme s’étaient joints les républicains mécontens (conduits, assure-t-on, par M. Blaine lui-même, peu satisfait de l’altitude de M. Arthur à son égard) et les indépendans. Ces deux groupes avaient voté en masse contre l’abus éhonté des influences administratives, abandonnant le secrétaire du trésor, l’ami et l’un des conseillers les plus estimés du président, pour l’humble maire de Buffalo, pour ce petit avocat dont personne, en dehors des limites du New-York, ne connaissait le nom, qui n’avait fait partie d’aucune assemblée, même à Albany, qui ne possédait aucun passé politique et ne présentait pour toute garantie de ses capacités que quelques mois d’une bonne administration municipale dans un chef-lieu de comté.
Tels sont les traits sous lesquels M. Cleveland apparaît aujourd’hui