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de cuivre dans la vallée du Niari. Quant au charbon, des affleuremens ont été signalés sur la côte de Banoko, à quelques milles du Gabon.

Le commerce du Gabon, si l’on se fie aux apparences, semble devoir donner des résultats magnifiques. En effet, sans vouloir remonter au temps où la côte ouest de l’Afrique n’était connue que des Portugais et de quelques hardis caboteurs dieppois, je dirai qu’il y a cinquante ans les premières factoreries y furent établies par des traitans du Portugal, qui se livraient en même temps au fructueux commerce des esclaves. Malheureusement pour eux, l’abolition de l’esclavage vint miner leur industrie (qu’ils continuèrent cependant à exercer clandestinement), et actuellement le pays ne compte plus que deux maisons portugaises, très peu importantes.

Depuis que la France a pris possession du Gabon, on y a toujours trouvé un certain nombre de facteurs et de trait ans français; mais ce sont les Allemands et les Anglais surtout qui jusqu’ici ont su le mieux tirer parti de la situation. Cependant, depuis l’année dernière, trois maisons françaises d’une réelle importance ont fondé de nouveaux établissemens.

On peut attribuer aux causes suivantes le peu d’influence que nous exerçons dans le commerce colonial : les grandes maisons de France, peu soucieuses d’étendre hors du pays le cercle de leurs relations, ne cherchent pas à créer des comptoirs à l’étranger; en outre, le Français isolé, qui se rend aux colonies pour y chercher fortune, n’a qu’une ambition, celle de réaliser, le plus rapidement possible, une somme qui lui permette de revenir dans sa patrie, pour jouir des bénéfices acquis. Aussitôt ce but atteint, il se hâte de liquider ses affaires et de céder son établissement au plus offrant, qui, la plupart du temps, est un étranger. Sauf quelques rares exceptions, nous ne possédons aucune de ces vieilles maisons, aucune de ces espèces de dynasties commerciales que l’on rencontre en Angleterre, où, de père en fils, se transmet l’ancienne raison sociale, ce qui leur donne sur la place une situation inexpugnable.

Le commerce de l’Ogooué embrasse seulement l’échange des produits du pays contre des marchandises européennes, dont les plus usuelles sont les cotonnades, les fusils à pierre, les verroteries, les neptunes, le sel, la poudre, le tabac en feuille, les couteaux, les miroirs, les chapeaux, etc. et tous les articles de bimbeloterie.

Les produits principaux du Congo sont l’ivoire et le caoutchouc. L’ivoire vient de l’intérieur, car il n’existe actuellement sur la côte