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LA
LOI DES RÉCIDIVISTES
ET
NOS COLONIES

Nous n’apprendrons rien à nos lecteurs en leur disant qu’en présence du flot montant de la criminalité, un cri d’alarme s’est échappé des consciences révoltées. Les législateurs ont répondu à cet appel par une loi dite des récidivistes. Adoptée au début de la dernière session par la chambre des députés, elle passe en ce moment en discussion au sénat et vient d’être votée en première lecture. Elle sera sans doute encore amendée, mais l’article principal, — celui qui ordonne l’expulsion hors du territoire français des criminels incorrigibles, — sera maintenu. On est bien résolu à traiter avec plus de rigueur que par le passé ces hommes pour qui la prison n’est qu’un lieu de préparation à de nouveaux méfaits, une étape de vice, où, chauffés l’hiver, au frais l’été, ils complotent leurs coups les plus audacieux.

La loi votée, il y aura toutefois plus d’une difficulté à vaincre. La plus ardue est celle de choisir la colonie qui doit recevoir les récidivistes, et ce choix est des plus sérieux, car de la solution peut dépendre l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ou de la Guyane. Il y laura encore ces problèmes difficiles à résoudre : Les récidivistes même hors de France resteront-ils soumis à la surveillance de l’administration coloniale ou jouiront-ils d’une liberté illimitée? Devra-t-on les contraindre au travail, et par quel moyen? C’est sur ces sujets que nous nous proposons de fournir quelques indications.