Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 66.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARGUERITE DE VALOIS

II.[1]
SA RÉCONCILIATION AVEC LE ROI SON MARI. — SA FUITE D’AGEN, — SA CAPTIVITÉ ET SON SÉJOUR A USSON. — SON RETOUR A LA COUR. — SES DERNIÈRES ANNÉES.


I

Dans les premiers jours d’août 1583, le roi de Navarre avait écrit à M. de Matignon : « J’envoie ce porteur pour sçavoir des nouvelles de ma femme. Je vous prie lui faire bailler passeport et chevaux. » C’est à Sainte-Foix, où il était allé en déplacement de chasse, qu’un valet de garde-robe lui apporta une lettre de Henri III. « J’ai renvoyé, disait le roi, Mme de Duras et Mlle de Béthune comme une vermine très pernicieuse auprès d’une princesse de tel lieu. » N’écoutant que son premier mouvement, le Béarnais remercia son beau-frère d’avoir pris un tel soin de son honneur. « Il y a longtemps, répondit-il, que le bruit de la mauvaise vie de Mmes de Duras et de Béthune étoit venu jusqu’à moi, mais je considérois que ma femme ayant cet honneur d’être près de Vos Majestés, je ferois quelque tort à votre bon naturel si j’entreprenois d’en être plus soigneux de loin que Vos Majestés de près. J’étois résolu de la prier de s’en défaire. Je la désire extrêmement ici ; elle n’y sera jamais assez tôt venue. »

Mais, le lendemain, la vérité fut connue. Incertain du parti à

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.