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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La première quinzaine d’octobre n’a pas été favorable à la continuation de la campagne de hausse commencée il y a trois mois et poursuivie de liquidation en liquidation avec une énergie qui avait fini par triompher de tous les obstacles. Le 1er octobre, on a vu le 4 1/2 s’élever à 109.25. Ce cours a marqué l’apogée du mouvement. Dès le lendemain de la liquidation, les réalisations ont entravé tout essor nouveau ; bon nombre d’acheteurs ont abandonné la partie : la désertion s’est mise dans le camp des haussiers,

Les raisons abondent pour expliquer ce revirement. On avait mené sans arrêt le 4 1/2 de 100 à 109 francs. Il était difficile de le pousser beaucoup plus loin, la hausse ne pouvant être éternelle. On entrait, il est vrai, dans un mois où se paient de nombreux coupons, au bout duquel, sur le 4 1/2 pour 100 même, les rentiers touchent un quartier de leur revenu, soit 1 fr. 121/2. L’argent est toujours abondant et bon marché, et les taux de report ne se sont pas élevés.

Malgré ces motifs d’encouragement, les acheteurs se sont montrés indécis, et maintenant les baissiers semblent prêts à relever la tête. Ce n’est pas seulement parce que les marchés monétaires ont coutume de se resserrer en octobre, mais il est trop évident que les spéculateurs sont bien fondés à estimer que tout ne va pas pour le mieux dans nos affaires du dedans et dans celles du dehors.

Les rentes ont donc baissé ; la hausse, dans de telles circonstances, eût été plus qu’illogique, elle devenait dangereuse. Le 4 1/2 a reculé de 109.25 à 108.65 ; le 3 pour 100 a fléchi au-dessous de 78 fr. ; l’amortissable est ramené à 79 fr. Ce sont encore là de beaux cours, et dont le maintien suffirait amplement, ce mois-ci, à démontrer la force de la spéculation haussière.

Les fonds étrangers n’ont pas été moins discutés, en général, que les nôtres. Nous ne parlons pas des rentes autrichiennes et russes ni des consolidés anglais, ni de la nouvelle rente hongroise 4 pour 100 or. Sur tout ce groupe, la fermeté ne s’est pas démentie. Mais l’Italien a perdu une demi-unité. La spéculation engagée sur cette valeur est très chargée. Elle compte avec raison sur l’acceptation prochaine par