Les vacances sont donc finies, nos chambres françaises reprennent décidément aujourd’hui leur œuvre interrompue il y a deux mois, et on peut dire que rarement une session s’est rouverte dans des conditions plus laborieuses, plus ingrates, sous le poids de préoccupations plus nombreuses et plus importunes. On aurait beau s’en défendre, on se sent dans une situation embarrassée, fatiguée, épuisée. Ce n’est pas qu’il y ait là rien d’extraordinaire » et de surprenant, c’est au contraire tout ce qu’il y a de plus simple ou de plus logique : c’est l’inévitable loi des choses. Quand on a vécu depuis assez longtemps déjà un peu au hasard, faisant de la politique avec des infatuations, des illusions, des prodigalités, des tactiques équivoques de parti et des abus de domination, le moment vient forcément où il n’y a plus moyen d’échapper aux conséquences des faux systèmes et des faux calculs ; un jour ou l’autre tout se solde. Ce n’est pas encore la faillite, si l’on veut, il ne faut pas se servir de trop gros mots ; c’est du moins une gêne considérable qui se manifeste en tout, sous toutes les formes, dans toutes les régions de la vie publique. C’est précisément ce qui arrive aujourd’hui, c’est la situation qui a été créée à la France et dont on a le sentiment au seuil de cette session nouvelle.
Depuis quelques années, en effet, la France a été livrée aux expériences des politiques qui ont entrepris de la réformer et de la gouverner. On a cru pouvoir tout se permettre sous prétexte de réaliser de prétendues idées républicaines. On s’est fait un jeu de toucher à tout sans mesure et sans prudence, de subordonner l’administration, la justice, les garanties civiles, la liberté des consciences religieuses, l’enseignement public aux fantaisies, aux calculs ou aux convoitises de