La question paraît aujourd’hui résolue. Les fameux canots que montaient les premiers Maoris consistaient en deux pirogues solidement attachées, que réunissait une plate-forme où d’ordinaire était élevée une sorte de case. Ces bâtimens, qui tenaient admirablement la mer, pouvaient contenir environ cent quarante personnes : les femmes et les enfans, blottis au milieu, les chefs soit à la proue, soit à la poupe et les rameurs rangés sur les côtés. Il est conté que le chef d’une expédition, dans une circonstance grave, monta sur le toit de la maisonnette établie sur la plate-forme afin de reconnaître sa position. Un prêtre qui s’appelait Ruaco, ayant éprouvé quelque avanie de la part de ses compatriotes, imagina de s’en venger ; véritable sorcier, il avait changé les étoiles du soir en étoiles du matin et les étoiles du matin en étoiles du soir. Il n’en fallait pas davantage, on le comprend, pour dérouter des navigateurs polynésiens. La gracieuse légende apporte une preuve qu’on se guidait d’après la position de certaines étoiles.
Les historiens n’hésitent guère à fixer la date de la première migration de Hawaïki vers le milieu du XVe siècle ; quelques-uns d’entre eux, cependant, croient devoir la faire remonter au XIVe siècle. Plusieurs auteurs se sont appliqués à supputer le temps écoulé par la succession des chefs de certaines tribus ou les générations dont la mémoire a été conservée par les Maoris. Depuis l’arrivée de Turi jusqu’à nos jours, on ne compterait pas plus de vingt-sept ou vingt-huit générations et l’on ajoute que, dans l’idée des Maoris, l’occupation de la Nouvelle-Zélande par leur race n’est pas très ancienne. Si la migration de Turi est demeurée particulièrement dans les souvenirs des Néo-Zélandais, il faut reconnaître que les traditions comparées entre elles ne permettent pas de faire jaillir une pleine lumière sur tous les points. George Grey, après avoir traduit les légendes, n’a ni essayé de les faire concorder, ni même d’indiquer les époques relatives des voyages de l’île d’Hawaïki à la grande terre Aotea. C’est qu’en effet il est difficile de préciser où finissent les récits purement mythologiques, où commencent les narrations d’événemens réels recueillies par les fils de la bouche des pères. Par l’étude des idiomes on a souvent réussi à suivre les déplacemens et les mélanges des peuples ; les érudits qui se sont occupés des Polynésiens disséminés sur les différentes terres de l’Océan-Pacifique croient pouvoir placer le berceau de la race dans la Malaisie, sur les lies Célèbes.
Une conception de l’origine de leur patrie d’adoption est demeurée dans l’esprit des Maoris, Au début de leur histoire mythologique apparaît un grand héros, Mawi. Lorsqu’il naquit, sa mère, le voyant d’une extrême faiblesse, coupa les longues tresses de ses cheveux et lui en fit une nacelle qu’elle posa sur la mer. Les vents, les tempêtes,