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Autrefois terribles aux étrangers, les Maoris, hommes pleins de duplicité, larrons sans vergogne, barbares d’une remarquable intelligence, d’une énergie sans pareille entre tous les habitans des archipels de la mer du Sud, sauvages d’une fierté sans égale, habiles à fabriquer des engins de pêche, de belles pirogues, des armes redoutables, et même à sculpter des figures bizarres ou à dessiner des ornemens qui dénotent un certain goût artistique, assez enclins à l’observation pour attacher un nom à tous les objets qui tombent sous les sens, firent naître chez les premiers voyageurs la pensée qu’ils seraient aisément gagnés à la civilisation. On conçut l’opinion que, les mœurs adoucies, viendraient à briller des qualités d’ordre supérieur ; on prit confiance à leur caractère lorsqu’il cesserait d’être terni par des actes de férocité, par les instincts de cruauté assez ordinaires parmi les hommes prives de toute culture intellectuelle. Le fondateur des missions évangéliques, le révérend Samuel Marsden, put croire, au commencement de ce siècle, à un bel avenir pour la race néo-zélandaise. Dumont d’Urville en a exprimé l’espérance.

Les Européens demeurent frappés de la superbe conformation et de la magnifique prestance des chefs. Ces insulaires, en général de hante stature, ont des traits réguliers, le front proéminent, le sommet de la tête plutôt étroit et fuyant, les yeux assez petits et d’un noir profond, toujours en mouvement ; le nez droit ou aquilin, le plus souvent petit, avec de larges narines ; la bouche grande ; la lèvre supérieure courte, la lèvre inférieure saillante ; les dents blanches. Les femmes, que parfois les voyageurs jugèrent fort séduisantes, offrent dans la jeunesse des formes harmonieuses, une abondante chevelure noire, des yeux doux et mobiles, une physionomie vive et d’une certaine grâce. On parle aussi pour elles d’une voix pleine de sensibilité et de passion, qui exerce un véritable charme. De l’avis d’un artiste qui avait couru le monde, les jeunes garçons serviraient avec avantage de modèles pour la statue d’Hercule enfant. La couleur de la peau des hommes et des femmes est d’un brun cuivreux, variant du brun rouge foncé à la teinte la plus claire.

Outre ces remarquables Polynésiens qui s’appellent eux-mêmes les Maoris, c’est-à-dire les indigènes, habitaient depuis plus longtemps, ainsi qu’il a été rapporté, des Mélanésiens, hommes de laide apparence, à la peau noire, aux cheveux crépus. Ils étaient inférieurs aux Maoris par la taille, par les formes physiques, plus encore par l’intelligence. Des représentai de cette race se rencontraient naguère dans toutes les parties de l’île du Nord et de l’île du