le chiffre en 1879 n’était plus que de 34,980 ; mais une augmentation énorme de la consommation du vin empêche d’en tirer des conclusions aussi favorables. Cette consommation du vin avait beaucoup baissé, elle remontait naguère à 123,227 hectolitres. On serait tenté aussi de se réjouir de la part plus grande occupée par l’usage du vin, qui peut être hygiénique, et qui agit dans plusieurs provinces, même dans quelques régions de la Loire-Inférieure, comme un préservatif des excès alcooliques ; mais il ne faudrait pas que les deux sortes d’excès coïncidassent, en y joignant celui du cidre, qui produit aussi beaucoup de ravages. Ces excès, réservés ordinairement aux jours fériés, aux foires et aux marchés, agissent d’une manière d’autant plus désastreuse que le corps est trop souvent mal soutenu par une nourriture insuffisante. Nous nous sommes demandé si l’ivrognerie était en Bretagne un mal fatal et qui ne devait pas s’atténuer un jour dans de très fortes proportions. Nous avons commencé par en douter en songeant à ce long passé qui constitue une tradition, une hérédité. Nous nous sommes rappelé les barbares aïeux des Bretons d’aujourd’hui pillant les vignobles en chantant ce refrain bien approprié : « Mieux vaut vin de vigne que vin de mûre. » Nous avons revu en esprit le vieux drame breton ou le paysan Lavigne fait mille folies sur la scène, menace son curé de « se faire hérétique, » s’il veut l’empêcher de se livrer à la boisson, et se fait donner par sa femme, l’hypocrite ! une petite somme afin de pouvoir, dit-il, « jeter son obole dans le chapeau de quelque pauvre. » Le peu de succès des prédications des recteurs contribuait enfin à nous décourager, mais des considérations d’un autre ordre ne nous laissent pas sans espoir. Pourquoi le progrès qui s’est fait dans la catégorie supérieure des habitans de la campagne bretonne ne s’opérerait-il pas dans les classes inférieures devenues plus instruites et plus cultivées, et appelées dans une mesure croissante à la propriété qui contribue à l’empire sur soi-même et aux habitudes de dignité personnelle ? Il y a pour réaliser un tel changement un autre perfectionnement tout matériel sur lequel nous comptons à l’avenir, c’est encore une fois celui d’une nourriture plus substantielle, dont le manque pousse à l’abus des excitans et les rend plus dangereux.
A côté des grands excès de l’intempérance, un autre mal s’est manifesté depuis quelques années dans un certain nombre de régions, c’est celui du jeu et des festins. Ces habitudes ne se remarquent pas seulement les jours de fête, mais dans les marchés, et surtout à l’occasion des ventes de terre ou de bétail de quelque importance. Ce mal affecte plus particulièrement les moyens propriétaires et fermiers. Les ventes et les achats sont aujourd’hui-le prétexte de ces repas copieux à l’auberge, arrosés de