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BERTHOLD AUERBACH

L’un des plus célèbres romanciers allemands, celui de tous qui est le plus connu en France, Berthold Auerbach, avait caressé longtemps la pensée de raconter lui-même son histoire à ses nombreux lecteurs. Il est mort à Cannes le 8 février 1882 sans avoir pu exécuter son projet. Peu d’heures avant d’expirer, il témoigna le désir que, pour remplacer cette autobiographie dont il avait à peine esquissé les premiers chapitres, ses exécuteurs testamentaires publiassent, en y pratiquant les coupures convenables, la correspondance qu’il avait entretenue, pendant plus de cinquante années, avec un de ses cousins, le docteur Jacob Auerbach. Ce cousin, homme de mérite, était un de ces amis qui inspirent une confiance absolue et à qui on se permet de tout dire, et Auerbach lui disait tout. Les lettres qu’il lui a adressées du 7 avril 1830 au 20 janvier 1882 viennent de paraître en deux volumes in-8o, et assurément elles méritent d’être lues[1]. On y trouve des pages charmantes, dignes de l’auteur des Dorfgeschichten, et elles nous font vivre dans l’intimité d’un écrivain qui joignait à beaucoup de faiblesses un rare talent, d’aimables qualités et toutes les bonnes intentions.

Il ne faut pas chercher dans ces deux volumes des révélations sur les sentimens, dur les opinions, sur les sympathies et les antipathies, les goûts et les dégoûts de Berthold Auerbach. Nous les connaissions

  1. Berthold Auerbach. Briefe an seinen Freund Jakob Auerbach, ein biographisches Denkmal, mit Vorbemerkungen von F. Spielhagen und dem Herausgeber, 2 vol. in-8o. Frankfurt am Mein, 1884.