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des événemens politiques un revirement favorable à leurs intérêts. Aussi, les rentes françaises se sont-elles maintenues sans peine à leurs cours les plus élevés. A peine s’est-il produit un recul de quelques centimes lorsque le bruit de la déclaration de guerre de la Chine et d’une convocation imminente du parlement a semblé prendre quelque consistance. Mais les démentis officieux ne se sont pas fait attendre ; la Chine n’a pas déclaré la guerre ; la France ne la déclarera pas davantage, et les chambres ne rentreront en session qu’à l’époque primitivement fixée, c’est-à-dire vers le milieu d’octobre. Aussitôt toute trace des dispositions passagères à un peu de faiblesse a disparu. On a vu le 3 pour 100 se relever à 79 francs, et le 4 1/2 à 108.60. On sait qu’un coupon trimestriel de 0 fr. 75 sera détaché mardi prochain sur le 3 pour 100, ce qui ramène son prix réel à 78.25.

La physionomie du marché ne s’est donc nullement modifiée d’une quinzaine à l’autre ; finalement les cours de nos fonds publics apparaissent encore en légère progression. Mais il ne faut pas se dissimuler que c’est exclusivement sur cette catégorie de titres que l’on peut constater une certaine activité de transactions. Les valeurs sont aussi délaissées que jamais, ou du moins la spéculation ne semble disposée à faire aucun effort pour provoquer dans leurs prix des modifications de nature à attirer de ce côté l’attention du public financier, et à détourner en leur faveur le grand courant qui porte les capitaux vers les rentes et les obligations.

Nous constations il y a quinze jours un temps d’arrêt dans le mouvement de hausse de ces derniers titres, qui, tous ou à peu près, — nous entendons parler des obligations de nos grandes compagnies, jouissant de la garantie de l’état, — se sont établis aux environs du prix de 370 francs. Il n’est pas étonnant d’ailleurs que ce prix n’ait pas été dépassé, si l’on songe que les compagnies n’ont pas cessé, depuis le commencement de l’année, d’émettre de nouveaux titres et de les écouler sans bruit à leurs guichets. On jugera de la puissance d’absorption dont l’épargne a fait preuve pendant cette période, par le fait que le nombre des obligations nouvelles, créées par les six compagnies et vendues par elles directement aux petits capitalistes, s’est élevé, de janvier à juillet 1884, à plus d’un million, dont 350,000 par le Paris-Lyon-Méditerranée, 280,000 par l’Orléans, 112,000 par l’Est, autant parle Midi, 100,000 par le Nord, 70,000 par l’Ouest. Ces émissions à jet continu représentent pour un seul semestre un capital de près de 408 millions de francs que l’épargne a ainsi employé en dehors même de la Bourse.

La plupart des fonds étrangers jouissent de la même faveur auprès du public capitaliste, dans chaque pays, que celle qu’obtiennent chez nous nos propres fonds depuis quelques mois. L’influence pacificatrice attribuée par l’opinion générale, en Europe, à la prochaine entrevue