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ce que font leurs adversaires, contre les lois que présente le nouveau cabinet, qu’ils se montrent actifs, passionnés, inflexibles dans leur opposition, ce n’est pas là ce qu’il y a d’extraordinaire : c’est la loi des partis. La question est de savoir jusqu’où cette opposition peut aller, quelles formes elle peut prendre, et c’est là justement la question qui s’agite dans ces manifestations successives de libéraux, de catholiques, qui se sont produites depuis deux ou trois semaines à Bruxelles, dont la dernière a été ensanglantée. Les manifestations sont un droit dans les pays libres, nous dit-on ; elles sont dans les mœurs ; oui, sans doute, elles sont un droit ; et ceux qui peuvent les supporter sans péril sont fort heureux. Ce qui n’est point un droit, c’est d’employer le moyen des manifestations pour faire violence aux pouvoirs publics, pour imposer par exemple au souverain un désaveu des lois que vote le parlement et, au besoin, une dissolution nouvelle au lendemain d’un scrutin décisif. Ce qui n’est point légitime ni libéral, le droit étant admis, c’est que tous les partis n’aient pas la même liberté, que la rue ne soit pas à tout le monde. Que s’est-il passé cependant à Bruxelles ? Il y a quinze jours, les libéraux ont fait leur manifestation, ils l’ont faite sans opposition, sans contestation de leurs adversaires. Huit jours après, les catholiques à leur tour ont voulu avoir leur démonstration, ils ont été hués, poursuivis, violemment assaillis, et en fin de compte le sang a coulé ! Il en résulterait que, d’après cela, les libéraux auraient seuls le droit de faire des manifestations, les catholiques n’auraient pas ce droit ; il en résulterait aussi que les manifestations seraient un moyen de détruire par la violence ce qu’un scrutin régulier a fait. Ce sont là des mœurs que les libéraux belges feraient bien de désavouer dans l’intérêt de leur propre cause ; comme dans l’intérêt de l’inviolabilité des institutions.

CH. DE MAZADE.





MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Depuis la dernière liquidation, le triomphe de la spéculation à la hausse n’est plus contesté ; l’abondance des capitaux, les achats constans de l’épargne, la fermeté des places étrangères, le taux de plus en plus avili des reports, ont eu raison des dernières résistances du découvert. Les baissiers se sont décidés à racheter, n’osant plus attendre