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Sur quelques points, il est vrai, particulièrement au sud de Norfolk et au sud de la Nouvelle-Zélande, il y a de grandes cavités. Des soulèvemens et des dépressions venant à se produire, il est certain que l’intensité des mouvemens est tantôt faible, tantôt considérable ; d’ailleurs, dépressions ou soulèvemens peuvent être le résultat d’actions renouvelées. Seulement une terre étant faiblement submergée, on admet plus volontiers qu’elle s’est affaissée à une époque récente. Sur de grandes surfaces, l’ancienne terre australe est noyée ; elle n’est pas engloutie dans les abîmes. Des soulèvemens la ramèneront peut-être un jour au-dessus des eaux. Les effets des tremblemens de terre, observés depuis une quarantaine d’années, donnent un caractère de probabilité à cette espérance.

Retenu par la crainte de ne posséder que des renseignemens encore trop incomplets, à peine avons-nous voulu nous arrêter à la considération de la faune marine. Beaucoup de poissons sont des êtres errans ; plus sédentaires en général sont les mollusques. Un fait semble se dégager des observations suivies à l’égard de ces derniers. Dans le nord, il existe en quantité appréciable des espèces communes à l’Australie ; en marchant vers le sud, le nombre des mollusques qui n’ont pas été rencontrés ailleurs devient de plus en plus considérable, et les espèces néo-zélandaises se retrouvent en grande partie sur les rivages des îles Chatham. Ainsi, même de ce côté, l’indépendance et l’unité de la région se démontrent.

A l’heure présente s’ouvre une voie nouvelle ; la science va permettre de constituer l’histoire du globe, ancienne ou récente. Pour d’immenses cataclysmes, pour des changemens énormes, la certitude sera souvent acquise. Il faut attendre ensuite de l’investigation bien dirigée la lumière qui dissipe tous les doutes. A l’égard de notre sujet particulier, mis en possession de renseignemens un peu complets sur l’ensemble des flores et d’informations précises sur les faunes entomologiques des petites îles, des clartés jailliraient sur les phénomènes qui restent encore voilés. Pour les recherches qui restent à poursuivre, nous avons adressé un pressant appel aux naturalistes de la Nouvelle-Zélande. Depuis une vingtaine d’années, dans ce pays, des investigateurs se distinguent par des études du plus réel intérêt. A eux il appartient de faire une exploration parfaite des îles qui entourent la Nouvelle-Zélande. On n’oubliera pas que les plus misérables plantes, que les plus chétifs insectes deviennent des signes dont il est possible de tirer d’admirables révélations sur l’histoire du monde physique.

Nous aurons achevé notre récit touchant les terres reconnues au siècle dernier par le capitaine Cook lorsque nous aurons étudié de quelle façon les hommes vinrent les occuper.


EMILE BLANCHARD.