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dans la végétation de ce petit archipel des analogies saisissantes avec celle de Norfolk et du nord de la Nouvelle-Zélande. Ce sont, outre le phormium, fougères, palmiers, poivriers d’espèces semblables, ainsi que des arbrisseaux de la famille des rubiacées[1].

Enfin, sous le 32e degré de latitude, entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, mais à peine à 400 milles des rivages de ce dernier continent, se montre l’île Howe. Par sa position géographique, on la dirait une terre australienne ; par sa flore et par sa faune, malheureusement trop peu connues, on devrait, semble-t-il, la déclarer une terre néo-zélandaise. C’est une île volcanique, montagneuse, bien boisée.


III

Les faits qui se dégagent de l’observation de la flore et de la faune des îles qui entourent la Nouvelle-Zélande ont une extrême importance. Ils conduisent à la révélation d’événemens géologiques qui, à travers les âges, ont complètement changé l’étendue et la configuration des terres. A l’heure présente, une application grandiose des sciences naturelles à la géographie physique commence. Longtemps, la récolte des plantes et des animaux sur tous les points du globe semblait n’avoir d’autre objet que de nous procurer la connaissance des formes sous lesquelles se manifeste la vie. Un instant, à la vue des ressemblances si étroites qui existent parfois entre les représentai d’un même genre, il nous sembla qu’il était de médiocre intérêt de réunir des quantités considérables d’espèces lorsqu’on ne découvre entre elles que des différences dont les signes extérieurs sont tout juste propres à établir des distinctions. Un jour, nous avons dû regretter une telle pensée ; rien dans la nature ne saurait être négligé sans perte pour la science, sans préjudice pour l’esprit humain. En effet, à l’observation de la flore et de la faune d’un pays, apparaît un ensemble de formes végétales et animales qui donne une idée précise de la région et permet une infinité de comparaisons rigoureuses avec des contrées voisines ou lointaines. Des types caractérisent des espaces plus ou moins vastes ; or, il est bien reconnu que, tandis que certaines plantes et certains animaux témoignent d’une sorte d’indifférence pour le climat, il en est d’autres, au contraire, d’une telle sensibilité aux conditions de température, d’insolation et d’humidité, qu’ils périssent partout où ces conditions viennent à manquer. De là de précieux renseignemens que fournit la présence des êtres en un point déterminé du globe.

Il a été facile de s’apercevoir que les grandes terres sont infiniment mieux peuplées de plantes et d’animaux que les terres de

  1. Coprosma petiolata.