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l’hémisphère sud, on reconnaissait une terre ; elle fut appelée l’île Norfolk, — c’était une découverte. On voyait une riche végétation, un beau ciel, une mer calme, tout ce qui pouvait enchanter des navigateurs livrés à des explorations qui duraient de longues années. Aussi dira-t-on : Norfolk est l’image du paradis. À la baie des Cascades, où l’on aborde, ce sont de gracieux bouquets d’arbres, que dominent les magnifiques pins de Norfolk[1]. Le gouvernement britannique estima que l’endroit serait bon pour les plus grands criminels ; il en fit une colonie pénitentiaire. La colonie fut abandonnée le 7 mai 1855, et les habitans de l’île Pitcairn, jugeant qu’ils gagneraient beaucoup au change, vinrent, au nombre de 194, en prendre possession le 8 mars 1856.

Près de Norfolk, on rencontre les îles Phillips et Nepean ; c’est un petit archipel. Norfolk, n’ayant pas tout à fait 5 milles de long et la moitié en largeur, est haute et fort accidentée ; le Mont-Pitt, qui domine tous les autres sommets, atteint près de 600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un des compagnons du capitaine Cook, le naturaliste Forster, a observé des laves et des roches volcaniques dont la ressemblance avec celles de la Nouvelle-Zélande l’a particulièrement frappé, L’île Phillips, qui n’a pas plus de 2 à 3 kilomètres de longueur, est basse ; les falaises ont des teintes rouges, jaunes et violettes. L’île Nepean, encore plus petite, manque d’eau. Il n’y avait que trois arbres, qu’on voyait à grande distance au moment du passage du voyageur Brendsley en 1860. En 1773, assure-t-on, elle était à peine séparée de Norfolk ; survint, en 1777, une violente secousse, la pointe de l’île s’abîma sous les eaux et le canal se trouva fort élargi. Sur le petit archipel apparaissent, dans la flore et dans la faune, des types répandus dans les régions tropicales ; cependant, nombre de plantes et d’animaux signalent le voisinage de la Nouvelle-Zélande. À Norfolk, c’est une égale abondance de fougères, c’est la même fougère en arbre, le même palmier, les mêmes espèces de liliacées : des cordylines et le fameux phormium, les mêmes poivriers. Un fait plus remarquable encore, c’est la présence, sur des îles d’étendue aussi restreinte que Norfolk et Phillips, de ce genre singulier de la famille des perroquets, tout particulièrement caractéristique des terres néo-zélandaises, le genre Nestor. L’espèce, témoin d’un autre âge, témoin sans doute de prodigieuses catastrophes, rencontrée il y a moins d’un quart de siècle, est, croit-on, aujourd’hui détruite.

Placées à 5 degrés environ à l’est du méridien des îles Norfolk, les îles Kermadec sont à peine connues sous le rapport de l’état de nature. Seule, une récolte de plantes permet d’affirmer qu’il existe

  1. Araucaria excelsa.